jeudi 15 octobre 2015

Sens mécanique et mécanique des sens.

J'ai lu de A à Z le HS Moto Mag "Tendance Rétro". Contenu intéressant pour qui hésiterait entre une vieille dans son jus et une jeune aux allures de vieille et souhaite en savoir plus sur le merveilleux monde du vintage. Sans compter des dessins de Philippe Gürel hilarants.
Ces machines font généralement le bonheur de motards, motocyclistes d'un âge certain qui retrouvent ainsi un peu de leur jeunesse. Ce qui est un peu idiot. Dès que je suis sur ma bécane, j'ai à nouveau 20 ans. Et je pense que c'est le cas pour beaucoup d'entre nous. Je dois un peu tricher: une personne qui m'accompagne depuis un bon moment me fait remarquer que ce serait plutôt 16 ans et en permanence...
Ceci dit l'expérience m'a appris certaines choses sur cette querelle des modernes et des anciens. Si on peut raisonnablement envisager que les modernes sont plus fiables que les anciennes, manquerait plus que ça, les premières traînent néanmoins un handicap de taille. Lorsque leur fiabilité est mise à mal, hormis le numéro de téléphone de ton assistance, soigneusement en mémoire dans ton smartphone rien ne va te sauver. Parce que la clé de 14 et l'électronique ne sont pas faites pour se comprendre. Prévoir également un opérateur ayant une couverture réseau digne de ce nom. Après, il n'est plus qu'à s'en remettre au dépanneur. Lequel dépanneur on gardera bien à l'oeil. Celui-ci n'est généralement pas un expert en transport de moto.  
Maintenant, si on se déplace avec des potes qui roulent en anciennes, disons 20/30 ans d'âge, la route devient plus palpitante. En effet, la moto "vintage" peut parfois se révéler capricieuse. A la différence prêt que l'arrêt est rarement définitif. Une bécane "dézépoque" ça se dépanne au bord de la route. Je peux en témoigner. 
Une bistrouille électrique, un câble de gaz qui pète et autres joyeusetés du même tonneau sont rapidement ramenés à la raison pour que tu sois ensuite ramené à la maison. J'ai entre autres en mémoire mon pote BigSteve remplaçant un câble de gaz sur sa Calif II au beau milieu des Cévennes puis dans la foulée, faisant sa synchro à l'aide du Twinmax rangé dans une sacoche. Ca c'est pour la facilité. 
Ces mêmes potes ont aussi un sens mécanique que l'électronique nous fait perdre. Si la fonction crée l'organe, l'évolution de l'organe modifie la fonction. Donc, dernier exemple en date narrée par mon pote Mc Gyver*. C'est d'ailleurs cette anecdote qui m'a inspiré ces quelques lignes. Le mieux est de laisser l'intéressé s'exprimer.
"...le compteur fait son tour 00000 , Méjannes-les-Alès: Tout le monde descend ! La Salope est en roue libre ! Un rapide inventaire: il manque à l'appel: l'écrou et la rondelle qui tiennent le pignon de sortie de boite.
Ah , le toujours surprenant plaisir du Mono** qui vibre, trop !
Retour à pieds sur quelques kilomètres en espérant croiser l'écrou, retour à l'engin qui ne risque pas d'aller très loin en l'état [...] mais c'était sans compter la rencontre de l'Homme et de la bouteille de Coca... Dans le film***, elle est en verre, ici le plastique suffira. Je découpe le goulot à l'Opinel, agrandit le diamètre du goulot pour que ça rentre dans l'axe et maintienne le pignon dans les cannelures dudit axe, pratique deux encoches s'encastrant dans le carter protège-chaine pour pas que l'invention se barre, revisse... Je reprends la route du retour avec comme seule pièce valable le CoCa. Ça a tenu jusqu'à la maison".
Moralité, l'ancienne laisse à son propriétaire une latitude d'intervention sans pareil et celui-ci fait preuve d'une débrouillardise au dessus de la moyenne. Conséquence immédiate, tels ces bombardiers en piteux état ramenant leurs équipages après une mission de bombardement sur l'Allemagne, une vieille te ramène presque à coup sûr chez toi. La jeune t'abandonne sans vergogne à ton triste sort de piéton involontaire.

*Nom d'emprunt largement justifié.
** Il s'agit d'un 500 XT
*** Les dieux sont tombés sur la tête.


vendredi 9 octobre 2015

Au théâtre ce soir.

"Bonjour mon cher Manuel te voilà fort élégant pour ce comité interministériel. 
-Elégant, élégant, comme tu y vas mon cher Bernard.
-Les gants, oui. Voilà une idée admirable pour stopper cette funeste hécatombe routière. Rendons le port des gants obligatoires pour les conducteurs de deux roues dès 2016.
-Sacré Alain. Toujours cet esprit d'à propos que nous t'envions tant.
-Ah, Marisol te voilà. Cette étole en renard te sied à ravir. 
-Je sais, je sais. Mais Ségolène ne sera pas fâchée. C'est du faux.
-Quoi, un faux radar?
-Sacré Alain. Il ne s'arrête plus. De faux radars! Que n'y avons nous pensé plus tôt!
-Des faux radars, je veux bien. Mais on garde les vrais PV."
[...]

Extrait de l'acte 1 scène 1 de Comment Inspirer Sourire et Raillerie.
Avec par ordre d'apparition:
Bernard CAZENUVE
Manuel VALLS
Alain VIDALIES
Marisol TOURAINE

Les décors sont de Claude GOT et les costumes de Chantal PERRICHON

Toute ressemblance avec des personnages réels n'est pas fortuite.


lundi 5 octobre 2015

Journée américaine Le Thor

L'automne est bien là. Une brume tenace et humide nous accompagne au long de la route qui nous mène vers Le Thor.
Depuis les débuts en 2009, l’événement s'est étendu et tout le village est investi par les mécaniques de l'oncle Sam et leurs fans. La parade des véhicules, véritable coup d'envoi de la journée, fait la part belle à l'Amérique. Il fallait un peu s'y attendre. Un oncle Sam à l'esprit large néanmoins. Au milieu de rutilantes "grosses Harley avec les chromes" ou de Ford Mustang à 35 smic, évoluaient entre autres, pour la plus grande joie de leurs propriétaires, quelques 125 jap', une deuche porte Vespa, une 203 flammée et même, c'est à peine si j'ose le dire, un scotère Yamaha quelque chose Max. Mais avec un motocollant Easy Rider. L'honneur est sauf.
La fureur mécanique passée, on déambule dans les rues du centre ville profitant des quatre scènes disséminées ça et là, sur lesquelles se succèdent sans discontinuer des groupes aux styles variés. Pas trop quand même. Le rock n'est jamais loin.  Amis de Pascal Obistro ou Florent Brunel passez votre chemin. Les choses étant bien faites, les comptoirs pour le boire et le manger en nombre et habilement répartis, permettent de remplir les estomacs, les gosiers et les oreilles simultanément. 
D'une scène à l'autre, on rencontre stands et tribus en tous genres et surtout motos, voitures et camions. Comme d'habitude, on peut constater que tous les goûts sont dans la nature. Quoi que l'écologie ne soit pas le maître mot de ce genre de sauterie. 
Curieuse impression en retrouvant celle qui fut ma première "grosse" cylindrée, un 500 Yam XS, métamorphosée en un curieux engin Vintage, à des années lumière de l'esprit avant-gardiste de celle-ci à l'époque. (Freins à disques, roues en alliage, double act, 8 soupapes...)
Plus d'actualité, on pouvait profiter d'une VW garantie sans logiciel truqueur, sans moteur diesel non plus. La Karmann Ghia, une ligne superbe!
Très sympas également un duo de Shovel rigides sans rien de spectaculaire mais représentatifs de l'esprit "deux roues, un cadre, un moteur".
Petite minorité de Cafés Racers plutôt réussis. Une très chouette 4 pattes "Vince Racer" et une 450 CB coursifiée, dotée d'un cadre périmétrique artisanal de très belle facture.
Mon penchant naturel pour le Sportster m'a particulièrement attiré vers un Iron au traitement "racing" bien vu qui allie customisation et efficacité. 
Mention spéciale aux héros de la libération qui ont poussé le souci du détail jusqu'à venir avec un vrai blessé, en état de lever le coude néanmoins.
Tout ceci digéré, retour à la maison. Finalement, le trajet est toujours le meilleur de ces journées. Ce moment où on profite de notre machine, de la route et de l'espace qui s'offre à nous.


mercredi 16 septembre 2015

Royal Cambouis



Avec un nom pareil, j'aurais du me méfier. Et surveiller mes arrières. Pour une fois que je portais un futal plutôt clair, les contorsions et le recul entre deux bécanes m'ont valu un contact bien marquant avec la chaîne abondamment graissée d'un Shovel. Marqué, presque, dans ma chair par la mécanique. 
La première de ce rassemblement en la riante cité balnéaire de Sausset les Pins a pris des allures de Wheels & Waves méditerranéen. Le souffle ininterrompu d'un vent d'une bonne force 7 est venu ajouter les vagues aux roues, faisant au moins la joie de quelques véliplanchistes. Un peu moins celle des machines rapidement couvertes d'une pellicule humide chargée de sel. La journée a donc commencé par une lutte contre ce maudit vent pour rejoindre la Côte Bleue en compagnie de Longstroke et son fidèle Black Pearl.
Sur place nous avons arpenté le front de mer, réservé au meeting, entre choppers, bobbers, hot rod, café racers et divers stands à la tendance vintage certaine. Du, goût, du bon, du moins bon, de l'incohérent, du mauvais, tout ce qui caractérise ce genre de réunion. Mais chacun le sien...
Un moment assez sympa, dans l'air du temps, mais je ne boude pas mon plaisir. Les relents et impressions de mécaniques du siècle passé, sous le signe des carbus c'est ce que j'aime. Alors, que cette première ait une suite dans la région et fasse naître d'autres initiatives du même tonneau.

dimanche 16 août 2015

Les 16 travaux d'Hercule. Celui qui rit quand...

Cela fait un bout de temps que le numéro spécial été de Moto Mag traîne sur une étagère du bureau. Je me décide quand même à l'ouvrir, histoire de ne pas être en retard d'une saison. Probablement sous le coup d'une OPA de Marie Claire, MM nous propose un dossier moto et érotisme. Un peu déçu, j'attendais également: "Perdez 5 kg pour rentrer dans votre cuir avant cet été". Notez bien que de ce point de vue, le latex est extensible. 
Le sujet "16 expériences à vivre dans sa vie de motard" a lui, retenu toute mon attention. Suis-je un vrai? Voyons, voyons...
Sensations - Poser le genou sur circuit. Il m'est arrivé de poser mes roues sur un circuit. Voilà un sacré bail. A l'époque, j'avais fait sensation parmi mes potes en faisant jeu égal avec eux, ce qui n'était pas vraiment le cas sur la route. Un brin de fierté, je dois l'avouer, pour moi. Concernant la génuflexion, technique balbutiante à l'époque, j'ai quelques souvenirs, hélas liés à d'autres contusions dont je me serais volontiers passées. Un bilan en demi teinte donc.
Pélerinage - Faire les Eléphants. Nonobstant ma tendresse pour les pachydermes, force est de constater que mon naturel m'incline (sans poser le genou, quand même) plus à faire l'âne ou le singe. 
Jubilation - Réparer au milieu de nulle part. Pour avoir pas mal bourlingué en Guzzi, la réparation, je connais un peu. J'ai bien dit un peu. Histoire de river leur clou à ceux dont la seule crainte est de perdre le numéro d'appel de leur assistance. Néanmoins, la prudence m'a toujours incité à réparer non pas au milieu de nulle part, mais toujours sur le côté. On ne sait jamais. 
Attraction - Rouler en side car. Attraction, le terme est habilement choisi. L'attirance naturelle de l'engin pour l'un ou l'autre côté de la chaussée ne peut que laisser perplexe le débutant. Et laisser son passager dans un état de sidération avancé. Ces considérations balayées, on est alors soumis à l'attraction des badauds de base sitôt qu'on fait halte ici ou là. Particulièrement si on est aux commandes d'un Ural en tenue de camouflage. Comme dirait Daho, "des attractions, désastre..."
Mythe - Tracer la route 66 en Harley. A tout prendre, je préférerais la tailler. "Elle rêvait de voyages De bagages de paysages De grosses Harley avec les chromes..." (Alain Souchon)
Adrénaline - Aller au Tourist Trophy. Dès l'instant ou il possible d'en revenir, je n'ai rien contre.
Nature - Les premiers pas en chemin. J'en ai un souvenir personnel très précis. Une mienne copine m'avait prêté son 125 XLS en attendant de récupérer mon 500 XS Yam en voie de réparation suite à un contact viril avec le bitume. Elle aurait du se méfier. Voulant tester la capacité de ce sympathique trail hors des sentiers battus, je le lui ai rendu légèrement chiffonné suite à une tentative de franchissement dans le style montée impossible. Comme je suis un gentleman, (je ne roule pas la nuit) j'ai pris en charge la remise en état. 
Désolation - Démarrer avec un antivol. Joker!
Ambiance - Passer la nuit aux 24H du Mans. Au Bol ça vaut pas?
Sourire - Rencontre avec des insectes. Carrément rencontre du troisième type. Je roule grosso moto à 95% du temps avec un jet open face. En cas d'urgence, j'y greffe une bulle. Donc en matière d'insectes, piqueurs ou pas, gros ou petits, de quelque couleur que ce soit, je suis à disposition pour des conférences sur le sujet. Pour le tarif, j'ai le même agent que Sarkozy.
Commotion - Prendre un retour de kick. Malgré la gérontophilie avouée de certains d'entre nous, la narration d'un retour de kick par un témoin authentique va devenir aussi rare que celle d'un assaut à Verdun par un témoin d’époque.
Frisson - Assister à une course sur glace. après avoir assisté une fois à la chose, je ne peux qu'être d'accord. Néanmoins, pour ce qui est du GRAND frisson, rien de mieux qu'une virée de Noël matinale entre monts du Vaucluse et Ventoux. Sentir les 255 kg du Sportster partir en figure libre sur quelques sournoises plaques de verglas procure un frisson inoubliable!
Implication - Participer à une manif. Les manifs, je les supporte à pieds. Signe de l'âge, c'est ma brêle qui apprécie modérément. Un Sports', paradoxalement, ça n'aime pas vraiment rouler au pas. 
Création - Retaper une ancienne. Tout vient à temps à qui sait attendre. En attendant, l'expérience la plus proche à laquelle il m'ait été donné d'assister, c'est la tentation d'un pote de taper une ancienne pas vraiment coopérative au démarrage.
Pince sans rire - La bourde en mécanique. Ma modestie me fera taire les miennes. Mais en pensant à celles des copains c'est le fête aux risorius*! N'insistez pas, je ne dénoncerai personne.
Solitude - Affronter le désert. Mouais... Affronter, le terme est juste. Mais en fait de solitude, les déserts proches exposent plus à faire la une des chaînes de "fast news". D'autant plus que la place d'otage français est vacante en ce moment. Il me semble plus raisonnable de se rabattre sur la mer de sable du côté d'Ermenonville. Pour les irréductibles, il est malgré tout envisageable de faire d’étonnantes rencontres. Ce n'est pas Nikolaz qui me démentira.

Au final, il manque tout de même une rubrique "Cauchemar". Chacun ses phobies. Rouler en mp3 ou tout autre engin de la sorte mériterait même le qualificatif de pire cauchemar. Ouf, je viens de me réveiller!


*vous ne le trouverez dans aucun album d'Astérix.