Ces machines font généralement le bonheur de motards, motocyclistes d'un âge certain qui retrouvent ainsi un peu de leur jeunesse. Ce qui est un peu idiot. Dès que je suis sur ma bécane, j'ai à nouveau 20 ans. Et je pense que c'est le cas pour beaucoup d'entre nous. Je dois un peu tricher: une personne qui m'accompagne depuis un bon moment me fait remarquer que ce serait plutôt 16 ans et en permanence...
Ceci dit l'expérience m'a appris certaines choses sur cette querelle des modernes et des anciens. Si on peut raisonnablement envisager que les modernes sont plus fiables que les anciennes, manquerait plus que ça, les premières traînent néanmoins un handicap de taille. Lorsque leur fiabilité est mise à mal, hormis le numéro de téléphone de ton assistance, soigneusement en mémoire dans ton smartphone rien ne va te sauver. Parce que la clé de 14 et l'électronique ne sont pas faites pour se comprendre. Prévoir également un opérateur ayant une couverture réseau digne de ce nom. Après, il n'est plus qu'à s'en remettre au dépanneur. Lequel dépanneur on gardera bien à l'oeil. Celui-ci n'est généralement pas un expert en transport de moto.
Maintenant, si on se déplace avec des potes qui roulent en anciennes, disons 20/30 ans d'âge, la route devient plus palpitante. En effet, la moto "vintage" peut parfois se révéler capricieuse. A la différence prêt que l'arrêt est rarement définitif. Une bécane "dézépoque" ça se dépanne au bord de la route. Je peux en témoigner.
Une bistrouille électrique, un câble de gaz qui pète et autres joyeusetés du même tonneau sont rapidement ramenés à la raison pour que tu sois ensuite ramené à la maison. J'ai entre autres en mémoire mon pote BigSteve remplaçant un câble de gaz sur sa Calif II au beau milieu des Cévennes puis dans la foulée, faisant sa synchro à l'aide du Twinmax rangé dans une sacoche. Ca c'est pour la facilité.
Ces mêmes potes ont aussi un sens mécanique que l'électronique nous fait perdre. Si la fonction crée l'organe, l'évolution de l'organe modifie la fonction. Donc, dernier exemple en date narrée par mon pote Mc Gyver*. C'est d'ailleurs cette anecdote qui m'a inspiré ces quelques lignes. Le mieux est de laisser l'intéressé s'exprimer.
"...le compteur fait son tour 00000 , Méjannes-les-Alès: Tout le monde descend ! La Salope est en roue libre ! Un rapide inventaire: il manque à l'appel: l'écrou et la rondelle qui tiennent le pignon de sortie de boite.
Ah , le toujours surprenant plaisir du Mono** qui vibre, trop !
Retour à pieds sur quelques kilomètres en espérant croiser l'écrou, retour à l'engin qui ne risque pas d'aller très loin en l'état [...] mais c'était sans compter la rencontre de l'Homme et de la bouteille de Coca... Dans le film***, elle est en verre, ici le plastique suffira. Je découpe le goulot à l'Opinel, agrandit le diamètre du goulot pour que ça rentre dans l'axe et maintienne le pignon dans les cannelures dudit axe, pratique deux encoches s'encastrant dans le carter protège-chaine pour pas que l'invention se barre, revisse... Je reprends la route du retour avec comme seule pièce valable le CoCa. Ça a tenu jusqu'à la maison".
Moralité, l'ancienne laisse à son propriétaire une latitude d'intervention sans pareil et celui-ci fait preuve d'une débrouillardise au dessus de la moyenne. Conséquence immédiate, tels ces bombardiers en piteux état ramenant leurs équipages après une mission de bombardement sur l'Allemagne, une vieille te ramène presque à coup sûr chez toi. La jeune t'abandonne sans vergogne à ton triste sort de piéton involontaire.
*Nom d'emprunt largement justifié.
** Il s'agit d'un 500 XT
*** Les dieux sont tombés sur la tête.
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