dimanche 3 février 2013

Divorce consommé.

Tous ceux qui n'ont jamais eu la chance de divorcer, ne savent rien de ce sentiment. Rencontrer l'autre, celui ou celle avec qui on a partagé de bons moments et des choses plus fortes encore. La roue a tourné, les vies ont divergé. Et si on est content de se revoir, de prendre quelques nouvelles, on sait l'un comme l'autre que notre vie est ailleurs.
Voilà quelques jours, me préparant pour un (petit) viron avec Longstroke, déception sans fond, le Skipster refuse obstinément de donner de la voix. En ces temps de mariage pour tous, ne soyez pas étonnés que je partage la route avec un engin au masculin. Magie du réseau GSM je préviens mon pote qui dare, dare rapplique à la maison. Tous les symptômes de la batterie déchargée sont là. (Je vous épargne le côté technique de l'affaire qui sera résolu un peu plus tard.) Je déclare alors: "Je prends la caisse et on se retrouve là-bas." Pour l'anecdote, il s'agit de visiter un salon de vieilleries à deux et quatre roues. Même trois en fait.
Il me rétorque tout de go: "Pourquoi tu ne prends pas la Guzzi?" Bigre, ça ne m'est pas venu spontanément à l'esprit...
Nous voilà donc en route, la V11 en tête, l'Iron qui suit sagement. Voilà, c'est bien de cela qu'il s'agit. Chaque passage près de Larosso (féminine, elle) me donne à voir son allure de Café Raceuse aguicheuse, à la fois brute et sensuelle, si belle à regarder. Mais une fois installé aux commandes, c'est la grande incompréhension. Je ne comprends plus rien à cette moto, je suis crispé, le côté on/off de l'embrayage que j'ai tant loué quand je passais les rapports bien dans les tours, la position, plus rien ne va. 
Finalement, j'ai fait l'aller-retour en moto, certes, mais sans plaisir véritable. Et pourtant que de bons souvenirs et d'anecdotes me viennent de ces presque 10 années à rouler avec elle.Rien n'y fait. La page est vraiment tournée.
On peut trouver cela désolant. Pour moi, c'est rassurant. Ce retour vers une Harley n'était pas le fruit d'un coup de tête masqué par de fausses vraies raisons. C’était bien le signe d'un divorce profond, mais tous les bons (et moins bons) instants sont gravés en moi. Au final, ceux qui ne connaissent rien du divorce et qui roulent en bécane ont une chance d'en connaître les sentiments malgré tout. Il suffit d'attendre.
J'ai dans ma bibliothèque, une histoire de Moto Guzzi, en Italien, avec cette dédicace de Goffredo Puccetti: "A Pascal, grand guzziste." En réalité, même si j'ai beaucoup aimé la California aussi, j'ai plutôt été un "grand" Vonziste. Deux fois même. Je reste néanmoins attaché à la vieille dame de Mandello, à son passé surtout. Et c'est pourquoi aussi, je garde en mémoire l'autre dédicace figurant dans le livre, de mes amis Fabienne et Salvatore: "...en espérant renouveler notre périple mandellien un jour prochain." 
J'y compte bien, même avec une américaine!

samedi 2 février 2013

La tendance et le style.

Crédit photo: www.coupdekick.free.fr
C'est un de ces hasards du net qui a posé sous mes yeux une 400 Yam RD "caféracerisé" voilà quelques jours. Je m'y suis arrête un moment. Il faut dire qu'en 1976, c'est bien loin, j'ai été à deux doigts d'en acheter une, avant de finalement céder aux sirènes d'un autre twin, quatre temps celui de la marque au diapason, un 500 XS.
L’engin, s'il est traité assez sobrement et dans l'ensemble avec bon goût, m'a quand même quelque peu surpris. Outre l’absence de garde boue avant, les coudes d'échappement se voient affublés des désormais "incontournables" bandes thermiques dont usent et abusent nombre de préparateurs. Tendance quoi. Vous direz, que j’ergote, mégote, pinaille. Peut-être.
Cette machine m'a tout de suite fait penser à une autre, sur une base identique et qui me fit baver voilà près de 40 ans. Je l'ai déjà évoquée dans un ancien billet, il s'agit de la 400 PMS. PMS, concessionnaire Yamaha parisien avait homologué sous son nom une série de 400 RD (et de 250 précédemment) préparées pour le Promosport. Une petite recherche plus tard, j'ai eu la chance de trouver un scan de l'essai de la 2 et demi par Fred Tran Duc en personne. C'est dans celui-ci que j'ai vu mentionné pour la première fois le terme de "Café Racer".
Concernant la préparation, l'accent avait été mis sur la puissance et une certaine efficacité. Au détriment de l'agrément moteur et du confort. Quant à la finition, elle était alors le cadet des soucis de cet atelier. Néanmoins, point de bandelettes thermique, mais le garde boue avant était à sa place.
Concernant la prose de Fred, ceux qui ont connu le MJ de cette époque s'en doute, elle est rédigée dans un Français des plus réjouissants, tout en restant à la portée du commun des mortels, en se permettant de citer Montherlant et le Coran.
Or donc, il serait temps que les préparateurs et garages qui se piquent de caféracérisation arrêtent l’utilisation et l'application à tout va sur les modèles "vintage" de trucs et recettes tendances qui bien souvent ne correspondent ni à l'esprit ni à la temporalité de ces bécanes. Un cafra, c'est avant tout fait, comme toute moto, pour rouler. Efficacement. Alors, les bandes thermiques, les pneus Firestone, les selles de fakir, basta. Qu'ils arrêtent de suivre la mode et essaient plutôt de la précéder.
Quant à ceux qui écrivent dans la presse spécialisée, qu'ils plongent dans les archives, compulsent les écrits de Fred Tran Duc, de Guido Bettiol et de quelques autres, histoire de se souvenir qu'on peut écrire sur la moto avec style.