mardi 15 février 2011

En vitesse

C'est dépassé la vitesse! Le fameux slogan des années 70 est plus que jamais d'actualité. Pour bien nous en convaincre, notre ministre spécialiste de la question, mr Hortefeux à volonté nous gratifie de 1 000 radars supplémentaires à venir. Rendez-vous pour les 1 000 suivants. Après l'opération, "un bébé, un arbre", mr Hortefeux de croisement propose "un kilomètre, un radar". Bonne chance. Alors parlons de vitesse sérieuse. Celle qui va vraiment vite et en toute impunité légalité. Il n'y a pas de raison que vous échappiez à mon analyse, si je puis me permettre, sur la saison de Moto GP à venir.
Les essais de pré-saison à Sepang terminés, je me suis penché sur les résultats. Je vous épargne les commentaires des uns et des autres, car comme on le sait, s'il est un monde où la langue de bois sauce mièvre est consommée sans modération, c'est bien dans ce petit milieu. Une interview de Drucker fait figure de provocation iconoclaste au regard des déclarations que l'on peut lire ou entendre sur le site officiel du championnat. "J'ai rarement été aussi content d'une douzième place." "Suzuki est sur la bonne voie." "J'ai toujours cru en moi, je n'ai jamais manqué de confiance." "Il y a énormément de talent dans notre groupe..." "Je suis content d’être de retour ici et de retour sur la moto." "Les résultats de ce test sont globalement assez bons." "Le team est vraiment fantastique et nous travaillons déjà en harmonie." Voilà pour le clan des Bisounours. Et il y en des tonnes du même acabit. "La GP 11 a un gros potentiel,mais nous ne profitons pas encore de tout son potentiel..." "La Ducati est difficile à cerner." "Le travail qu'il nous reste est encore énorme..." “Nous devons garder les pieds sur terre.” Ça, ce sont les réalistes prudents.
Autre tendance langagière particulière, l'emploi du "nous". "Nous nous sommes ensuite concentrés sur la simulation de course, nous avions un bon rythme sans pousser la moto dans les limites..." Du coup, je vais finir par croire que ce milieu à un côté, vous allez voir lequel. Une récente étude montre qu'en politique le "nous" est l'apanage de la gauche, le "je" étant nettement marqué à droite. Et si le Moto GP était en réalité une organisation crypto guevariste, chargée, sous le couvert de ses déplacements mondiaux d'inciter les populations à renverser les tyrans qui les oppriment? Une source bien informée me fait néanmoins remarquer qu'il n'existe ni Grand Prix de Tunisie, ni Grand Prix d'Egypte. Attendons quand même pour voir.
Pour clore ce chapitre, mr Hortefeux de paille a quand même réussi à placer un homme à lui au sein de ce groupe d'énervés. "...je ne cherchais pas la vitesse. ." déclare en effet l'humoriste du groupe.
Pour aller vite, il faut des machines. Le tour est vite fait. Ce barnum planétaire qui réussit l'exploit de présenter une grille avec dix-sept machines, moins qu'en F1 et avec des véhicules qui prennent moins de place, tourne autour de quatre marques.
Point commun, on s'en doute la satisfaction. Ça va du: ravi, parce qu'on est devant, mais on va travailler encore pour y rester; content parce qu'on n'est pas loin des premiers et on va travailler dur pour combler le retard et passer devant; optimiste, parce que la moto a du potentiel et on va travailler pour vous le montrer; heureux, parce quavec notre machine, oui, on en a une seule, on va travailler pour faire des podiums. Une manière d'unanimité qui fait irrésistiblement songer à l'école des fans canal historique...
Dix-sept machines, avec deux usines qui présentent les deux tiers du plateau. C'est un peu léger pour un championnat qui se veut la vitrine du sport motocycliste. L'affaire aurait plus d'allure et de crédibilité mécanique avec l'appoint de constructeurs qui auraient toute légitimité à rouler au plus haut niveau: Kawa, BMW, MV, KTM, Aprilia... Ça aurait quand même plus de gueule. Seulement, je me doute bien que les uns et les autres, vu les investissements en jeu, ne voudront venir qu'à coup sûr. Il faudrait juste se rappeler que le propre même de la compétition est qu'il y ait un gagnant et des perdants, mais quel défi de tenter de déboulonner les idoles en place! A moins encore, qu'un autre vent ne souffle venu de l'empire du milieu... A quand Rossi sur une Zongshen GP? On peut s'attendre à tout! Et puis ce serait pour tous la possibilité de participer à cette autosatisfaction générale.
Et pour finir, les pilotes. On a déjà eu plus haut un aperçu de leur talent oratoire. Mais quoi d'autre? La grande affaire, c'est bien sûr le passage de Rossi chez Ducati. Lui qui a amené Yamaha au plus haut niveau face au grand rival Honda, va-t-il tirer les Rouges vers le haut? Honda à la reconquête d'un titre qui lui échappe depuis 2006 a mis le paquet cette année, avec trois pilotes officiels, il y a du monde. Pedrosa, qui rit quand il se brûle. Celui qu'à l'école on enfermait dans les chiottes à la récré, histoire qu'il se fasse engueuler par les profs en arrivant à la bourre. Stoner, le gendre idéal. Avec son sourire béat, ça fera une moyenne avec l'Espagnol dans le stand du HRC. Entre ces deux là, ça risque d'être chaud. Le petit Iznogoud ibérique qui rêve d'être calife à la place du calife face au bondissant Australien qui a déjà touché le Graal, ça fait beaucoup de crocodiles dans le marigot. Avec les risques que cela comporte. En face, Lorenzo, le petit retords, content des mauvais coups qui frappent ses petits camarades. Avoir grillé la politesse à mr "Fait la gueule" en 2010 lui a probablement suscité quelques émotions dans le slip. Qu'il en profite.On entend déjà les claquements de mâchoires. A commencer par son équipier(??) Spies, qui voudra se montrer au diapason du rude Ibère.
Et puis, il y a Rossi. Le jour où il arrête, il est probable que j'arrête aussi de regarder les courses. Entre ses coups de génie (folie?) qui vous laissent scotché dans le canapé, ses mises en scène assez folklos à la fin des courses, même si je ne suis pas dupe de leur spontanéité, son accent Anglais hilarant, il est le dernier à mettre un grain de fantaisie et de folie dans ce monde là. Quand il sera à 100% de ses moyens, avec une moto à sa main, il y aura des étincelles. Pour faire bonne mesure, il serait le premier à être sacré dans la catégorie reine avec trois marques différentes. La répartition des forces pourrait jouer en sa faveur même si les performances ne sont pas immédiatement au rendez-vous. Les rivalités intra-team (Honda) et espagnoles peuvent lui être favorables. Wait & see.
Je sais, il y a douze autres participants. Tiens Capirossi, encore un qui s'amuse et continue la route alors qu'il pourrait jouir d'une retraite confortable; ses mauvaises manières de jeunesse lui sont pardonnées. Crutchlow, un nom à retenir pour les passionnés de Scrabble. Simoncelli, son côté un peu dingue pourrait en faire le Rossi du futur. Terminer devant lors de ces essais officiels, ça n'est pas rien. Surtout sur une machine qui ne l'est pas. De Puniet, son accent Anglais très français et ses umbrellas girls...
Voilà, c'est tout. Rendez-vous le 6 novembre pour le débriefing. Ah, non. Vous aurez compris que j'apprécie Vale et que mon avis est des plus subjectifs. J'apprécie, mais je ne suis pas fan. J'ai passé l'âge de ce genre de trucs. Je n'ai plus été fan depuis la disparition de Saarinen en 1973...
Bonsoir chez vous.