mardi 28 décembre 2010

2000 V ONZE

Entre deux tournées de champagne, alors que 2010 va tirer sa révérence c'est le moment convenu des bilans. Et Twin Zone ne déroge pas à la règle. Je peux seulement te garantir, ami lecteur, que tout ce qui suit est du 100% TZ, garanti sans ogm.
TZ ne vaut que par ceux qui font son histoire. Je vais donc au premier chef, (non, le premier chef c'est moi) décerner un Twin d'Or aux modérateurs. Modérateur sur TZ c'est facile. Les seuls à vraiment surveiller sont les modos eux même. Tout particulièrement un certain Skippy, personnage polymorphe hautement suspect. izzuGo toM, mémoire guzziste et gardien du dogme, celui qui connaît Mandello comme sa poche, (non, pas le Doc'!) le plus sérieux d'entre nous dans son rôle probablement, mais aussi un des plus joyeux compagnon qui soit; Leflat qui même s'il se fait rare dans le virtuel n'oublie pas son poil à gratter quand il montre le bout de l'hélice; Lolo qui porte sur ses (larges) épaules le succès jamais démenti des TZED et last but not least Mandello dont l'expertise technique et le savoir faire n'auront échappé à aucun d'entre nous. Un Mégaphone d'Or a ceux qui ont participé à la mémoire de TZ, à travers leur(s) contribution(s) au site: Baufer; Colt; Pascal XI; Aermacch; Beetwin; Corto78; Pimprenelle; Sirop d'érable; Soraya, Grober, Phil "Pelletier Family", Alain c, Belou & Selly, Cendrillon, Desmo 13, Juanito le poisson, Jean Marc, Labigoud, Mars. J'espère n'avoir oublié personne. Double vroum vroum aux récidivistes.
Car si Twin Zone est ce qu'il est par le forum, à l'origine c'est TZ le site qui a mis en relation quelques passionnés de V 11. Ce groupuscule capable en son temps de remplir la mairie de St Germain de Pasquier, a écrit les premières lignes des 108789 messages postés au moment où j'écris ces lignes. Si le forum est devenu le lieu de toutes les expressions (souvent éphémères) ce qui est normal en soit, le site en est la mémoire et permet à la fois de conserver trace des bons et grands moments et se doit aussi d'être une source d'informations particulièrement en ce qui concerne la V 11.
Du bon et du grand il y en eut encore cette année. On se souviendra de TZED "automnières" ou "printomnales" c'est selon. Toujours cette histoire de verre à moitié vide ou à moitié plein. Ce qui ne fut pas à moitié c'est bien sûr l'ambiance qui au gré des années et des participants ne laisse pas de place à la tiédeur (Twin Zone, nous, c'est le goût!). Pour la cinquième fois Lolo nous a concocté un savant cocktail de gastronomie et de tourisme, parfois (très) rapide pour certains qui a chaque fois se conclue de la même manière: vivement l'année prochaine qu'on remette ça! Dr Maison d'Or à Benoît (STHS). Pour la première fois, un TZ boy finit à l'hosto lors d'une rencontre. Même pas en tentant un freinage désespéré sur une V11. Non, une grosse alerte cardiaque. Il nous a fait peur le bougre, mais ce fut un plaisir de le revoir sur pied ici en dessous.
Arriva le temps des vacances et la route du Trofeo Rosso. La rencontre du Vigeant a pris cette année un relief particulier avec le MGS02 project. Je vais y revenir. En l'espace de trois ans, le camping de Chevenon est de venu le lieu de ralliement informel des TwinZoneurs (et zoneuses) avec cette année une manière de record avec une cinquantaine de présent autour des barbecues le samedi soir. Je ne cache pas mon plaisir de voir ainsi fonctionner ce groupe autour des valeurs simples que sont la bonne humeur, la solidarité la passion de la mécanique de caractère et pour beaucoup un certain état d'esprit libertaire.
Il y eut aussi ça et là de plus modestes rencontres. Par la taille. Les Bretons (combien de km trop loin?) du côté du golfe du Morbihan pour une virée printanière. Le Sud Side, virée en trois roues dans le Luberon. Les Alsaciens avec des renforts méridionaux pour une choucroute party estivale. Le Sud enfin, pour un w-e légèrement humide du côté des Hauts-Cantons. Les initiateurs, VR 56, BigSteve, Raf et le duo Pascal Croix Bâton/Phil méritent largement un Ressort de Boîte d'Or! Tous ont donné de leur temps pour le seul plaisir de passer quelques heures avec des potes. Sans oublier l'Open Bar lambescain de la Grober Family haut lieu de la fraternité twinzonienne.
La grande affaire 2010 restera le MGS02 project. Monter et préparer une V11 pour une représentation unique c'est bien un truc TZ. Rendu possible par l'adhésion des 42 qui ont financé l'affaire et qui prit corps grâce au temps consacré par Grober au montage du proto arrivé chez lui en pièces détachées. Il y eut ce tirage au sort pour que l'un d'entre nous partage la machine dans le cadre du Trofeo Rosso aux côtés de Laurent Sleurs (LaurentGuzz) qui d'emblée avait accepté de rouler avec notre moto. C'est Colt qui décrocha le pompon. Pour avoir été à ses côtés sur le circuit du Luc lors du premier roulage de la moto et durant ce w-e de juillet, ce fut pour lui Noël avant l'heure. A côté des "officiels", Cendrillon et sa Rosso Corsa venue (et repartie) par la route fit preuve de la rapidité et de la sûreté que certains l'ont pu voir exprimer sur la route lors de TZED. Pas moi, j'étais trop loin... Laconi 81 venu du Tarn par la route lui aussi, Toto qui garde le souvenir du baston mémorable avec Colt lors de leur denier roulage, Jean Phi qui défend l'honneur des V11 face à Grosnez qui a rejoint le clan des 1100 Sport. Mathieu était de la partie lui aussi... avec son gilet fluo! Un spécial merci à bajatwin grâce à qui le box TZ était décoré de superbes panneaux. Rien oublié, ni personne?
Une dernière récompense, un Besson d'Or à l'ensemble du groupe pour avoir accueilli avec son enthousiasme habituel les expulsés du Guzzistan occidental. On se souvient qu'un groupe de personnes plus vraiment jeune se trouva apatride après avoir subi les foudres du président de cet état dont ils n'avaient visiblement pas compris le message: "Cotiser plus pour adhérer moins". Ils ont trouvé refuge par chez nous, le temps de se reconstruire. Bon vent aux "Amis Guzzistes".
Le titre clin d'œil de ce billet peut fait rêver. Réunir 2000 V Onze en 2011? Ce n'est pas une idée, mais si quelqu'un la ramasse. On se reverra sur les TZED et le TROFEO. Des rencontres "locales" auront lieu. J'ai personnellement une (deux) petites idées en gestation qui demandent à s'inscrire dans des organisations existantes. J'en reparlerai si cela peut aboutir. Mais surtout 2011 marquera, on l'espère tous, le 90ème anniversaire de Moto Guzzi. Y aura-t-il une manifestation officielle? Y aura-t-il autre chose? Peu importe. Une chose est sûre, TZ sera là pour fêter la marque qui a produit la plus belle moto du monde: la V11. (les rouges surtout!) Pour finir, un voeu de vampire (pieu donc) pour cette année qui s'annonce. Que l'on (re)découvre les vertus de la loupe sur le forum, les "rookies" en particulier. Il y a des jours où il devient pénible de répondre à la même question pour la 17ème fois en trois mois. (Je sais, j'exagère. A peine!)
Bonne année à tous et rendez-vous sur la route ou un verre à la main pour partager encore.
Bonsoir chez vous.

mardi 14 décembre 2010

L'argent de la vieille.

Le grand âge et la dépendance qui peut en résulter (pré)occupent bon nombre d'entre nous. (Même notre agité élyséen) Pas de méprise, je ne vous entretiendrai pas du Moto Guzzi Club de France ou de nos amis les  « Amis Guzzistes ». Ils pourraient par contre être intéressés, voire concernés car c'est de Moto Guzzi, la belle marque italienne dont il sera question.
Au moment où on songe déjà au pèlerinage vers Mandello pour marquer son 90ème anniversaire en 2011, l'inquiétude (le mot est-il assez fort?) est plus forte que jamais quant à la survie de l'usine. Harley Davidson devenue centenaire en 2003, on se prenait à rêver de 2021 pour l'Aigle de Mandello.
Qu'en sera-t-il? Voilà belles lurettes que MG va (plus ou moins) mal. Chaque crise a vu surgir de nouveaux sauveurs, quand ce n'est pas l'inverse et ce depuis près de 40 ans. Le cas est-il à ce point désespéré ou ceux-ci sont ils à ce point cyniques, incompétents ou maladroits? (par ordre alphabétique) Et les propriétaires de machines, quel rôle jouent-ils dans cette affaire?
A la trentaine, la dame de Mandello veillait à la destinée de nombreux enfants, capable la semaine de contenter le commun des mortels et d'enfiler la tenue de sport le week-end pour briller au plus haut niveau des championnats du monde de vitesse. Époque dont il ne subsiste que des clichés noir & blanc qu'on contemple avec une émotion teintée de nostalgie.
Vers la cinquantaine, elle nous offrit deux rejetons qui ont fait le plus pour son renom: la V7 Sport, la California et leur nombreuse descendance. Dans des genres opposés ils permettaient aux gros (les grands aussi) rouleurs d'enfiler les kilomètres sans rouler en BMW et aux plus sportifs de tenir la dragée haute aux multi-cylindres japonais en pleine ascension. Les quatre jeunes japonais venaient de donner un coup de fouet au marché de la moto, bousculant au passage les vieilles anglaises qui ne s'en remettront pas alors qu'en italie on résistait. Ses fidèles serviteurs avaient alors pour nom Tonti et Carcano qui hélas, n'ont pas eu de successeurs digne de leur nom.
Malgré cela, la vieille dame fut contrainte de céder aux avances de prétendants, sensés lui redonner du souffle, plus ou moins habiles qui se succèdent sans discontinuer depuis. Courtisée, prise, abandonnée aux appétits du suivant. Qu'ils se nomment De Tomaso, Beggio et pour le dernier en date, Colannino, rien n'y fit. Errements techniques des uns, erreurs financières des autres, la vieillissante italienne ne sait plus vraiment où elle va. Tout ne fut pas noir dans ces dernières décennies. Elle trouva dans le Dr John un praticien qui lui redonna de son lustre apportant du sang nouveau sur les rives du lac de Côme. Ivano Beggio qui honora de sa présence les GMG portait un véritable intérêt à sa conquête. Mais il ne fut pas à la hauteur de l'enjeu. Il y eut à l'aube du XXIème siècle l'arrivée du dernier enfant légitime, V11 qui lorgnait résolument vers son grand aîné, V7 et remit la Passion à l'ordre du jour. Mais on persista souvent dans le trop peu, trop tard, ou le contraire. Que dire alors de la situation du moment. Ce Colannino, dont on sait qu'il a autant à voir avec la moto et Moto Guzzi en particulier, qu'Estrosi avec le cerveau, ne lasse d'inquiéter. N'en voudrait-il pas qu'aux joyaux de la dame et particulièrement à ses biens immobiliers? Ne serait-ce pas un nouveau Von Bülow, tenant dans sa main la seringue fatale? On en est là en cette fin 2010. Et encore un fois, les employés de l'usine de Mandello se retrouvent au chômage pour six semaines... Ou plus?
Et puis il y a les... Difficiles de les nommer. Clients, même pour une vieille dame respectable ça vous a un côté amours tarifées de mauvais aloi. Passionnés? Fans? Amateurs? Tifosi? La chose n'est pas simple. La Moto Guzzi est de celles qui ne laissent pas indifférent. Entre le "Je n'arrive pas à comprendre qu'on puisse rouler sur ça." et celui (ou celle) qui la porte sur sa peau, il n'y a pas l'épaisseur d'une feuille de Job. (long) Les premiers passent leur chemin, les seconds vouent un culte sans bornes aux productions mandelliennes. (Encore qu'à l'instar des Trotskystes, ceux-ci se divisent en chapelles difficilement appréhendées par les non-initiés) Le Guzziste de tradition ne jure que par sa (ses) machine(s) souvent en sa possession depuis des époques immémoriales et qu'il parvient même à transmettre à sa descendance. Il prodigue généralement lui-même les soins nécessaires à la bonne santé de sa "famille" et ne les confie dans les cas extrêmes qu'à quelques experts de leur connaissance. Culte à ce point chevillé à l'âme que toutes les incartades, même les plus sévères, ne les détournent pas de l'objet de leur désir. A l'instar du Raimu de "La femme du boulanger." même dans le pétrin, (qui ne pétrit plus) le vrai Guzziste aura toujours les yeux de l'amour pour la belle volage. Car on ne devient (reste) pas Guzziste par hasard. Au hasard, si je roule en twin transversal, c'est en rapport avec mes premiers émois motocyclistes, sur une 850 GT en 1973 et la disparition de mon pote Patrick au guidon de sa T3 Calif en 1977. Quelque chose qui vient de loin. Et chacun aura une vraie histoire à conter pour explique ce choix qui n'a rien à voir avec une fiche technique ou un comparatif.
Alors me dira-t-on, avec de tels admirateurs, n'est-il point paradoxal de voir la Veuve Guzzi avec une mine si piteuse? (Je sais, c'est étrange pour une dame.) Non. Ceci explique cela. La plupart de ceux-là, n'ont poussé la porte d'une échoppe à l'enseigne de l'Aigle que peu de fois. Voire jamais. Leur cheptel et souvent constitué d'un modèle acquis neuf et les autres arrivent chez eux suite à de fracassants divorces, d'incompréhensions mutuelles de grandes frustrations et autres turpitudes humaines qui n'atteignent pas le vrai guzziste. Le phénomène est d'autant plus fort, que la dernière génération, les enfants de Colannino, ne trouve pas vraiment grâce aux yeux de ceux que certains califiraient qualifieraient d'intégristes.
Et les autres? Ceux qui se glissent malgré tout tout entre les feuilles de Job en ces temps troublés? Ils sont forcément issus d'autre chose: Japonaises en tout genre, flat teuton, acier américain. Mais viser une clientèle forcément habituée à des standards de fiabilité et de service à des années lumières de ce qu'offre aujourd'hui Guzzi, clientèle dont l'âge moyen ne cesse de croître et qui veut avant tout se faire plaisir le week-end sur la route et pas à l'atelier il faut s'en donner les moyens. Ceux qui viennent et ont de la chance restent. Ceux qui considèrent qu'une Guzzi entre deux pannes, ça marche du feu de dieu restent aussi mais prennent vite le travers des "traditionalistes" et se mettent souvent en quête d'une compagne de caractère pour l'avoir "à côté". Quant aux "malchanceux", hélas, on ne les y reprendra pas de sitôt.
En matière d'avenir de Guzzi comme en matière de foot, les avis ne manquent pas. Donc, vous n'échapperez pas au mien.
Guzzi a une image (positive) de caractère, d'originalité de sportivité même. Si on trouvait dans les vitrines de vrais concessionnaires, pas de Piaggio Center dont les zélés serviteurs ne font pas la différence entre Rosso Mandello et Rosso Corsa (on me dit qu'ils ne savent pas ce que c'est) connaisseurs de la marque et du produit, il y en si, si, des motos défendant ces valeurs, ne cherchant pas à marcher sur les plates-bandes germaniques, il y a fort à parier que les anciens y prêteraient attention et d'autres également. A condition d'y ajouter une fiabilité digne de ce nom et un sav exemplaire. Nous verra-t-on devant la porte rouge d'une usine encore en activité pour fêter les 90 ans de la veuve de Carlo? Je le souhaite ardemment et même allez j'ose, pour le centenaire. Rendez-vous dans dix ans j'espère!
Bonsoir chez vous.