mardi 19 avril 2011

Risque calculé

Le fait divers est devenu un créneau médiatique très porteur et il n'est pas rare de le voir prendre le pas sur ce qui régit le plus notre quotidien, la politique, nationale et internationale ou l'économie, particulièrement dans l'audio-visuel. Mais voyeurisme et bons sentiments mêlés ça parle aux masses. La vie brisée d'une famille, ça émeut dans les chaumières ça fait pleurer Margot. Et cela écarte pour un moment au moins les sujets qui fâchent. Ce ne sont pas moins de deux nouvelles tragédies, six morts en tout, qui ont donné du grain à moudre aux rédactions. Alors qu'on compte les victimes par centaines ici et là, révoltes, répression, catastrophes plus ou moins naturelles, c'est sur ceux-ci que se font les ouvertures des journaux télévisés. Sans compter le manque de distanciation de certains. La palme au présentateur du jt de mi-journée sur FR3. On a de la chance, il n'est pas médecin. Ce type t'annonce un cancer, tu crois que tu vas mourir sur son palier...
Bien entendu qu'il s'agit de drames. J'imagine le choc pour les familles et les proches. Ce qui m'agace en l'occurrence c'est qu'il s'agit de faits divers routiers et qu'ils arrivent après la publication des dernières statistiques de "l'insécurité routière", vraiment pas terribles en ce qui concerne les deux roues. 49% de morts en plus au regard de la même période en 2010. Bien entendu, ces mêmes journaux relais habituels de la statistique gouvernementale, n'ont pas manqué de s'emparer du sujet et d'y aller de leur "enquête".
Laquelle se déroule en ville, mettant en scène l'imbécile tout puissant en moto, slalomant entre les files de bagnoles, brûlant un feu, au milieu d'un trafic dont la densité devrait inciter à la circonspection et quelques spécimens de scotéristes déboulant entre les files de circulation à une vitesse certaine. Les images sont parlantes, le scotère a pris le dessus en milieu urbain. Un ce ces aimables quinquas conducteur de l'engin précité indique que: "Non, il ne prend pas de risques. Enfin, parfois quand même. Mais c'est un risque calculé." Je vais y revenir. Bernard Pottier chef de la Prévention Routière est affirmatif: "La responsabilité incombe aux grosses cylindrées et à la vitesse." Il doit avoir des éléments de statistiques réservés aux milieux autorisés chers à Coluche. En tout cas, j'ai cherché, mais n'est trouvé aucuns détails quant à ces morts en deux roues.
L'argumentaire ne varie de toute façon pas de part et d'autres, comme d'habitude. Un motard (?): "C'est le comportement des autres automobilistes (sic) [] qui est dangereux" Un automobiliste: "Ils roulent trop vite." On va aller loin.
En vrai, ça donne quoi? C'est un point de vue de motard dans la peau d'un automobiliste que je fournirai. Le mien, au hasard. Pour des raisons de boulot j'ai récemment emprunté quelques jours durant une portion de (l'ex) N 113 entre Salon de Provence et Berre aux heures de boulot, matin et soir. Et en quatre jours, j'ai été témoin des conséquences de deux cartons moto/voiture. Ça a commencé avec une 1200 RT éclatée sur la chaussée. Bien éclatée. Pas de trace du Béhèmiste probablement déjà évacué par les pompiers. Gros choc, c'est certain. Pas moyen de connaître la cause du crash, mais quelle qu'elle soit, ça laisse une sale impression. L'un des deux prenait-il un risque calculé? Deux jours plus tard quelques kilomètres plus loin, de bon matin, gyrophares, tout le tintouin. Un 900 CBR visiblement, appuyé sur un muret et son pilote, enveloppé dans une couverture de survie, visiblement conscient avec des secouristes aux petits soins. Pareil que la Bien Molle. Pas moyen d'avoir une idée des causes. Y en a-t-il un qui prenait un risque calculé? Une chose est sûre, cela rappelle qu'on est qu'une carcasse enveloppée de chair et que dans une collision on ne fait pas vraiment le poids.
Le point commun de ces deux histoires, un ralentissement, voire un arrêt total du flot de voitures. Dans ces moments là, il est facile vu le rythme de circulation d'être un peu plus attentif à la radio, à la musique, à une idée qui vagabonde dans l'esprit, à n'importe quoi qui nous sollicite. Je ne parle même pas de celui (celle) qui téléphone. A cet instant, remonter la file des escargots est un acte habituel pour celui qui se déplace en deux roues. C'est un risque calculé. Comme pas mal d'autres. Calculé différemment par celui qui remonte tranquillou et celui qui remonte adonf. L'ennui, c'est que dans les voitures, on calcule peut-être différemment, ou qu'on ne calcule rien. Qu'on va s'arrêter pour laisser traverser le gars qui poireaute depuis un moment, à droite là. Je ne fais pas un dessin sur le résultat pour le adonf précédent. Il y a celui qui calcule qu'il dépasse à gauche de la ligne continue et que les gonzes qui arrivent en face vont un peu se pousser pour qu'il glisse entre les deux véhicules. Des fois qu'il perde 15 secondes pour rentrer chez lui.
Iil y a parfois aussi des histoires qui me font vaguement sourire, celles où on se vante d'effectuer tel trajet en xx minutes. Me font sourire, car même s'il s'agit d'un risque calculé, une rapide règle de trois me laisse à penser que réaliser une telle moyenne sur un tel parcours, sur route ouverte, devrait à tout le moins valoir à son auteur un guidon officiel. Ou un casque d'âne. Mais le motard est volontiers vantard. Ce qui modifie le calcul du risque.
Côté caisse, on peut en dire bien entendu. Depuis le tout répressif, je note au quotidien que la grosse majorité se tient à carreau côté vitesse. Côté comportement par contre... Comme on ne roule pas trop vite, on téléphone à tout va, on fait encore moins gaffe. On regarde un dvd en roulant. Qu'est-ce qui va m'arriver à 90? A toi pas grand chose mais pour l'autre, c'est moins certain. L'utilisation du cligno, le respect des signalisations, (combien savent encore ce que "céder le passage" signifie?) autant de règles de base qui semblent ne plus exister, quelle que soit la génération.
Tout ça pour dire que le risque calculé, c'est bien, mais il faudra juste se rappeler que la route n'est pas un circuit et que comme le dirait si bien "Moustik" Charles-Artigues, sur la route, le plus rapide c'est le plus con. A calculer quelque chose, autant que ce soit la prévision des errances du reste du troupeau.
Rien à voir pour finir, si un peu quand même. Ce week-end, c'est la féria de Pâques en Arles. Massacre organisé d'un bon paquet de bestiaux qui ne demandent rien d'autre que de paître tranquillement et beuveries sans limites. Spectacle hautement apprécié de bons nombre de bobos de "gauche" coureurs de médias. Donc cette aimable boucherie compte comme partenaires "La Marseillaise", quotidien communiste (?) qui n'a rien d'autre à faire que de s'associer à un truc plus réac tu meurs. Également, France Bleu et FR 3 apologistes du carnage avec des deniers publics. Pour ces derniers, ils font partie des pleureuses qui fustigent allègrement les criminels de la route et ironie du sort, les nuits de férias, le nombres de cartons mettant en évidence l'équation alcool/volant/vitesse fait régulièrement leurs gros titres. La boucle est bouclée.

1 commentaire:

  1. Je te sens un peu énervé là, sous l'argument pesé.
    Tsé quoi ?
    T'as raison, ça me fait le même effet.

    RépondreSupprimer