Ainsi, Mr Barbe*, vivement pressé par Mr Cazeneuve veut protéger les motards. Parce qu'il les aime. A peu près aussi rassurant que la déclaration d'amour d'un prêtre du diocèse de Lyon à l'endroit des petits enfants.
Aucun doute, la moto est dans le collimateur de l'état. Ce n'est pas nouveau.
Ca commence avec l'épouvantail du contrôle technique, à la revente, nouveau hochet de notre "Sécurité Routière". Mesure dont on sait depuis belles lurettes qu'elle n'apporterait rien à notre sécurité.
Ca continue avec cette fameuse vidéo, dont ce pauvre Maxime ne sortira pas indemne. Merci de nous indiquer que la route recèle bien des pièges. Ca n'avait effleuré l'esprit d'aucun parmi nous. Objectivement, il aurait plus de risques de chuter en raison de la qualité des infrastructures qui se dégrade fortement depuis le désengagement de l'état au profit des régions et départements. En dehors du côté tire larmes de cette superproduction que ne désavouerait pas Luc Besson qu'en conclure? La majorité des motards seraient inconscients des risques liés à leur passion? J'ai vraiment le sentiment que nos instances s'adressent à une bande de jeunots qui déposent leur cerveau sur une étagère avant d'enfourcher leur machine. Pour mémoire, en France, l'âge moyen du conducteur de moto est de 41 ans et l'expérience moyenne au guidon est de 11 ans. (Données de 2009 - TNS SOFRES) Chiffres probablement à la hausse depuis. J'en connais même qui sont grands parents. Si, si. A se demander si les décideurs ont la moindre idée du public à qui ils s'adressent.
Un nouveau pas vient d'être fait avec cette fameuse circulaire "Cazeneuve" enjoignant aux forces de l'ordre de cibler les motards via des contrôles visant en particulier la conformité des véhicules. (Plaques, échappements...) Éléments à même de compromettre notre intégrité, c'est bien connu. Le tout bien sûr habilement médiatisé, histoire d'ancrer dans les esprits les manquements de certains dont on peu facilement faire une généralité.
Je constate aujourd'hui que nous sommes sous le feu de mesures favorables aux affaires des organismes de contrôle technique dont on connaît le lobbying acharné pour son application et de facto une dépense supplémentaire pour nous; que les messages en direction des motards portent essentiellement les marques du discrédit et de l'infantilisation, à comparer avec d'autres campagnes, (Belgique, USA...) où sont mis en avant les risques que les autres usagers, par inattention ou négligence nous font courir; que nous sommes un groupe spécifiquement ciblé par des contrôles aux motifs spécieux. On est dans le droit fil de la politique ultra sécuritaire liée à l'état d'urgence qui insidieusement s'insinue dans notre vie quotidienne.
L'état depuis une quinzaine d'année oeuvre à la "sécurité routière" avec comme cheval de bataille le bâton du contrôle de vitesse. S'il est indéniable que la vitesse, notamment en cas de choc frontal est un facteur aggravant, il en est un autre dont il est fort peu question dans l'argumentaire officiel, le comportement. Téléphone au volant, changement de direction non signalé, distance de sécurité... Alors on se dédouane avec quelques spots de temps à autres, histoire de se donner bonne conscience, mais quelle action sur le terrain?
Pour faire bonne mesure, l'annonce de la "privatisation" des radars embarqués ne fait qu'accentuer cette politique de comptable et ne peut être qu'un motif de défiance supplémentaire.
Dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres, le "coup" médiatique remplace l'action politique réfléchie, concertée, inscrite dans la durée. Voilà des années que les gouvernants nous prennent pour de sales gamins. Promesses non tenues, mensonges, la parole qui vaut action, l'outrance sont le lot dans presque tous les domaines. Les enfants finissent par comprendre qu'on leur raconte n'importe quoi. L'ennui, c'est qu'ils ont alors tendance à réagir n'importe comment.
N’importe comment, cela passe par le bulletin de vote en se laissant séduire par le chant des chimères de certaines têtes blondes. Alors réagissons, mais en prenant les choses en mains. Soyons motards et citoyens, en étant en force dans les manifs des 16/17 avril sous l'égide de la FFMC, et en contribuant ou en soutenant les débats qui naissent aujourd'hui pour redonner son véritable sens à la démocratie.
*Délégué ministériel à la sécurité routière.
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