samedi 6 juillet 2013

Content de ne pas vous connaître.

Quelques années en arrière dans le fil d'une discussion sur le forum Twin Zone, je revendiquais mon appartenance "sociale" au groupe des motards. Comme le dit si bien Dylan; "Time, they are a changing." Il est certain qu'aujourd'hui je dirais les choses autrement. Ce n'est pas une révélation soudaine. Plutôt un cheminement progressif qui prend sa source dans la lecture de réactions à divers sujets touchant à la moto,  çà et là sur la toile. J'ai tutoyé le sublime du lamentable. Pas nécessairement dans le propos lui même, mais dans ce qu'il révèle de ceux qui écrivent. 
C'est un petit sujet sur la commercialisation de la Yam 950 "Bolt" sur le site MOTOMAG qui m'a fait tiquer. Comme de juste le journal demande aux lecteurs de réagir. Qu'on n'aime pas le genre je le conçois; qu'on le dise c'est normal. Mais quand la bêtise crasse devient "argument", les bras m'en tombent. Florilège:
"...des bécanes de salon pour pépé biker de carnaval." On sent tout de suite le propos jeune. Que dtc (1) se rassure. Brassens a très bien analysé cela. Le temps ne fait rien à l'affaire. Je lui prédis donc un avenir grandiose dans sa confrérie.
"...clair encore une meule de bistro, conduite par des cadres dynamiques qui veulent se la jouer rebelle le weekend, avec le petit blouson de biker tout neuf qui va bien, le bol et les climax de bobo." (2) Les meules de bistro, je suis pour. Aussi les Cafra. Les bistros ferment les uns après les autres. La prolifération de ce genre de brêles ne peut que contribuer à la résurrection des débits de boisson. Vivent les meules de bistro! Le petit blouson de biker kivabien, je ne vois pas trop ce que c'est. Je suppose que ce citoyen là doit choisir des blousons qui ne lui vont pas bien. Chacun ses goûts. De tout façon, ces frimeurs de cadres dynamiques doivent rouler avec un simple tee-shirt. Ces salauds ne respectent rien. Ce sont de surcroît des Pizzards. (3) Les Climax. Tiens faut que je pense à nettoyer les miennes, je dois les utiliser ce soir.
"marre de ces guignols qui se prennent pour des bikers, qui ne sortent que l’été et le dimanche et qui ne savent pas rouler. Des petits branchouilles de parigots qui se la pètent en vintages toutes neuves... Le paraitre y’a que ça qui les attire." Guignol, carnaval. On a vraiment affaire à de grands enfants. Cela se ressent dans la teneur de l’argumentation générale. J'ai compris le "petit blouson" pour le coup. Les "petits branchouilles" ne peuvent bien sûr pas enfiler de grands blousons. En plus des Parigots. Manque juste tête de veau. Je passe sur la faute d'accord sujet/verbe. Non, non Joey Ramone, (4) pour le vintage il manque les éléments incontournables. Bandes thermiques sur les pots et pneus Firestone "De Luxe". Je ne comprends pas que de tels détails aient échappé à ta sagacité. Insulte suprême, ces gueux ne roulent qu'environ 12 fois par an! Et encore, pour peu qu'on ait un été pourri cette moyenne risque de chuter gravement. Tous comme ces pleutres qui en plus ne savent pas rouler. 
"et t’as zoublié la nénette couleur caramel-fluo avé de gros plots plastifiés sise sur le garde-boue, les escarpins faisant des étincelles sur le bitume, si si cela existe...dans un monde stéréotypé." La cerise sur le gâteau pour nabusco.(5)  Pour ce qui est du stéréotype, il semble en connaître un rayon le garçon. A moins qu'on ne soit dans le poncif. (poussif?) Je passe sur le côté sexiste (je sens percer quand même une pointe de fantasme) du propos et je m'abstiendrais de répondre sur ce sujet. Je ne voudrais pas être vulgaire à l'égard de son éventuelle compagne. Ce qui me chiffonne ce sont les étincelles. Celles-ci tendraient à prouver que ces minables prennent de l'angle, choses totalement en contradiction avec les qualités de conduite qui leurs sont prêtées.
Je m'étonne moi même de m'étonner finalement. A y regarder de près, le monde de la moto ne fait que suivre la société et son cortège d'outrances, d'intolérance à l'autre simplement pour ce qu'il est. Curieuse conception de la vie que de honnir, haïr, ceux qui sont pas dans une norme. Je serai curieux de connaître le cursus et le vécu de ces détenteurs de la vérité, ces gardiens du dogme et du temple motocycliste. Peut-être même sont-ils là à hurler quand on veut leur imposer un dispositif rétro réfléchissant ou un contrôle technique, au nom de leur "Liberté"! Non les gars, ceux sur qui vous déversez votre mépris ne veulent rien imposer, ne prennent rien aux autres. Ils veulent juste tranquillement vivre la moto à leur manière. Mais c'est encore trop aux regards des censeurs patentés que vous êtes. 
Content de ne pas vous connaître.
P.S. Pourquoi ne pas coudre un signe distinctif sur leurs petits blousons, histoire d'être certain de les reconnaître quand on le croise?

(1) & (4) & (5) Ce sont les pseudos des auteurs.
(2) signé rentrez les enfants les motards du dimanche sont de sortie
(3) voir le billet du 3 juillet 2013.

mercredi 3 juillet 2013

Moi, j'ai dit Pizzard, Pizzard, comme c'est étrange !

L'hiver s'en est allé. Sans crier gare, l'été a pointé le bout de son rayon de soleil. Sans plus attendre, se débarrassant de sa chrysalide de cuir, l'ignoble Pizzard est de retour. Le Pizzard, objet du ressentiment et du courroux (coucou) de « Jenré » dans le Motomag de juin 2013. Vous le connaissez peut-être sous un autre nom, suivant les particularismes locaux. Son apparence permet une identification rapide. Celle-ci généralement plus en adéquation avec la fréquentation du sable fin des plages, expose donc le malheureux (?) aux affres d'une visite au service des urgences le plus proche et à l'ire de « Jenré ».

Cet inconscient ferait peser sur l'ensemble de l'ordre des homo mécanicus biruotus une menace terrible. Pas vraiment précisée par ailleurs. Mais je vois quelque chose comme le port obligatoire d'un exo-squelette de protection que la société Dekra se ferait par ailleurs une joie de contrôler périodiquement.

Du coup, je me suis enquis auprès d'une mienne relation, spécialiste de la médecine d'urgence sur la réalité de ce Pizzard. Légende urbaine ou pas ? Nouveau Dahut ? Monstre du Loch Ness ? La vérité dépasse l'affliction. Le Pizzard est un pervers polymorphe qui se dissimule là où on ne l'attend pas. Qu'on en juge.

Une variété rarissime, le « Quatre saisons ». Comme on l'a compris, la bestiole craint le froid et les intempéries. Son activité n'est généralement observée que de juin à fin août. On en aurait aperçu quelques spécimens hivernaux en Suède, dite aussi « Pizzard à longue fourche » et qui se roulerait nu dans la neige. Cela reste à prouver. Un genre plus facilement observable est le « Fruits de mer ». Très répandu sur le littoral méditerranéen, on le ramasse assez facilement à l'aide d'un plateau faute de brancard. Universellement connu, l' « Aubergine » ne l'est pas tant pour sa présence dans les salles de soins que pour sa capacité à stationner en des lieux incongrus qui lui valent du coup d'être décoré de quelques amandes du plus bel effet. On ne manquera pas non plus le « Bolognese ». N’hésitant jamais à envoyer la sauce, souvent élaborée du côté de Borgo Panigale. Se décline également en « Grand Prix » avec des ingrédients venus d'extrême orient. Spécialité peu répandue, l' « Indienne ». Il faut dire que l'élément essentiel, la Royal Enfield ne court pas les rues. De plus, la philosophie de la chose n'incitant pas à la gesticulation, mon contact avoue n'en avoir jamais observé. La « Raclette », même si elle évoque plus l'hiver que le torride été donne de beaux résultats par l’adjonction d'une prise d'angle au-delà du raisonnable. D'où son nom. Favorisant les longues glissades, les effets en sont généralement très spectaculaires. Disparue récemment, la « Poulet », déclinée en « Bleue » ou « Blanche » s'est trouvée privée de son élément indispensable la chemisette. Les premiers concernés ne s'en sont pas plaints. Variété civile, l' « Hawaïenne » se reconnaît à sa chemise à fleurs du plus bel effet par les incrustations colorées résultant de son port. Je termine cette liste, non exhaustive par ma préférée, la « Reine ». Le document ci contre se passe de commentaires.
Il a bien raison « Jenré », la pizza, symbole parmi d'autres de la malbouffe à de ces effets... Mais ne perdons pas espoir. Le Pizzard est majoritairement jeune (c..?) D'expérience, soit il optera pour la boîte à roues, auquel cas il ne sévira plus, soit il rentrera dans le rang.

Pourtant, au hasard de la route, je croise fréquemment en cette saison de fiers équipages dont les montures, d'origines germaniques pour les uns, dotées d'ailes en or pour les autres ne laissent planer aucun doute sur le genre de cuisine qu'ils affectionnent. Assez pizzarement, malgré ce standing étoilé, bon nombre de ces gens à priori raisonnables et sérieux arborent les mêmes tenues que le honni Pizzard. Que c'est bon de s'encanailler !

Nota Benêt: aucune pizza citée dans ce billet n'a été maltraitée.


lundi 1 juillet 2013

Je t'ai lu.

Laurent SENTS a 30 ans. Il pourrait être mon fils. J'ai découvert sa vie à travers les pages de son livre "JE TE VOIS". Ne cherchez pas, vous ne trouverez pas son ouvrage en tête de gondole des rayons livres des grandes surfaces. "JE TE VOIS" fait partie de ces livres édités à compte d'auteur avec les moyens de diffusion modernes offerts par le web.
Mêlant la biographie et le journal intime, Laurent nous fait partager des moments importants de sa vie et plus particulièrement ceux liés à la passion devenue le moteur de son existence. Les chevaux. Avec justesse, émotion, avec des mots venus du cœur on suit au long des 282 pages de son bouquin son parcours peu ordinaire. Parcours qui a force de ténacité, de volonté, de rencontres va lui permettre de toucher à ce Graal qu'il n'osait espérer, devenir propriétaire de SON cheval et tisser avec celui-ci, celle là en fait, puisqu'il s'agit d'une jument, une relation fusionnelle dont pourrait avantageusement s'inspirer bon nombre de cavaliers.
Car voilà. Laurent n'est pas cavalier, par la force des choses. Il est un homme de cheval, ce qui est tout aussi noble, voire plus. Laurent est atteint de dysplasie de Kniest. On devine bien qu'on n'a pas là affaire à un banal rhume de cerveau. Cette maladie fait partie de celles dites "orphelines".
Laurent est un homme de caractère. Malgré une longue hospitalisation consécutive à une opération il tient à poursuivre ses études normalement. Puis dépassant ses propres appréhensions et celles de son entourage, il va se rapprocher du monde du cheval.Tout au long de son récit, il a forcé mon admiration. Sans sensiblerie, sans mots qui donnent à s'apitoyer sur son sort, la narration de sa vie donne à réfléchir sur le rapport aux difficultés que nous rencontrons au quotidien, nous autres valides.
C'est avec beaucoup d'émotions que j'ai achevé la lecture de ce livre. Moi qui connaît la difficulté à aligner quelques mots hésitants sur les pages de ce blog, j'imagine facilement le courage à déployer pour coucher une telle expérience sur le papier. Une histoire avec un point final qui mériterait des points de suspension. 
Sa soif d'aller de l'avant, son humour, sont ce qu'on appelle de manière parfois galvaudée une leçon de vie. Il ne revendique pas cela. Mais ce récit est une belle manière de réfléchir au rapport que nous entretenons à la vie et ce que nous en faisons.
Pour lire "JE TE VOIS": The Book Edition