jeudi 24 juillet 2014

Schizophrènes? (Tôt ou tard)

La première fois, ça fait tout drôle et on s'en souvient toute la vie. Pour moi, c'était sur un bout de départementale du Sud. Cette après midi là, j'ai rendu son salut, du haut de mon 125 Yam au pilote du Quatre Pattes qui me faisait face. Une sorte de dépucelage par lequel je pénétrais pleinement le monde de la moto. 
Depuis, beaucoup d'huile a coulé par les reniflards. La tradition persiste, même si elle a sensiblement évolué. Au V des 70's, qu'on retrouvait par ailleurs accompagné de force clés de 14 dans les Magic Puces de Moto CoinCoin, ont succédé toutes sortes de variantes plus ou moins exubérantes ou discrètes. Main en l'air, main en bas, un doigt levé au-dessus du cintre ou des bracelets, deux doigts, un index* et dernier avatar en date, le salut SPA, le pied tendu au ras du bitume. Une véritable partie de "Jacques a dit".
Reste le cas des impassibles qu'on peut classifier en grands myopes, méprisants et possesseurs de GT allemandes qui en fait ne savent pas qu'ils roulent en moto. 
Depuis tout ce temps, bientôt quarante piges (ça fait combien de litres d'huile?) j'ai (presque) toujours respecté ce rituel. Presque, car il m'est rapidement apparu que cette manifestation de fraternité routière trouvait ses limites sitôt descendu de moto. J'ai souvent été déconcerté par l'attitude de ceux là même qui te saluent sur le bitume et t'ignorent royalement quand tu viens à stationner à leur côté. Du coup je ne peux m'empêcher de saluer verbalement tous les congénères de trottoir, ce qui entraîne au minimum une réponse polie, voire même un morceau de conversation. 
J'ai touché au sublime de la situation voilà quelques jours. Occupé à terminer le plein du Skipster, une Fazer stoppe de l'autre côté de la pompe. La dernière goutte versée, je contourne icelle (la pompe) afin de régler mon dû. J'adresse au passage un bonjour à la passagère, intégral encore vissé sur la tête. Pas de réponse. Bon. Je règle, sors repasse devant la Fazer et alors que je m'apprête à réitérer mon message de convivialité, le pilote tourne ostensiblement la tête. Rebon. 
Bien. Potato, potato, broaammm! Va voir là bas si j'y suis. Je poursuis ma route, relax et à quelques encablures de là, le Fazer me double. Sidération, l'équipage au grand complet me gratifie d'un signe de main dont aucun index ne dépasse...
Allo docteur Maboul?
*indispensable si par méprise on vient à croiser un scoot confondu avec une GT.


Merci à Nikolaz pour sa collaboration iconographique.