dimanche 31 octobre 2010

Manif et Station

Sauf à séjourner au fond d'une mine chilienne ou d'avoir entrepris retraite (spirituelle) dans une lamasserie des hautes vallées du Népal, vous avez probablement remarqué ces dernières semaines, une certaine agitation dans les rues de notre beau pays. Acteurs, spectateurs, supporters, adversaires, à un moment ou un autre ce que l'on nomme mouvement social a pu vous enthousiasmer vous interpeller, vous toucher, vous emmerder... L'ayant vécu de l'intérieur, j'ai remarqué au nombre de ces piétons de tous âges pas mal de motards "en tenue" et certains autres en civil. Bref, il y avait du monde pour contester. Comme le dit si bien mon ami Otto Kruiser:"Ach, fous les Vranzais, touchours tans la rue pour un oui ou un non." On a les notions de oui et non que l'on veut. La preuve, concomitamment aux manifestations pour une retraite "juste", la FFMC appelait les motards à se mobiliser face au serpent de mer du contrôle technique notamment. La FFMC qu'on soit d'accord ou pas avec ses objectifs et sa philosophie a le mérite de réunir dans leurs revendications et/ou leurs attentes les motards de tous horizons sociaux et motocyclistes. Il est donc probable que les congénères piétons vus ça et là se soient retrouvés au guidon de leurs machines dans les cortèges du 23 octobre. Avec d'autres peu enclins aux manifestations piétonnières. Vingt cinq mille pour la France, selon les organisateurs, pas de chiffre policier, cela peut paraître bien mince. Les circonstances du moment n'étaient pas forcément les plus favorables pour mobiliser. Pourtant la contestation est bien là et les discussions sur les forums ne laissent peu de place au doute. Le ras le jet* est quasi général: contrôle technique, remontée des files, conditions de sécurité propres aux deux roues... Certains pensent que cette mobilisation est bien futile comparée aux enjeux des retraites. Peut-être. Mais elle prouve aussi que la part de liberté que représente la moto pour ses pratiquants mérite d'être défendue. Non pas dans l'esprit d'être hors-la-loi, mais plutôt de conserver une respiration dans ce monde de plus en plus calibré et uniforme.
Alors oui, dans le pays de France on descend dans la rue. A pieds ou en bécane. Je vois cela comme l'héritage de 1789 et des autres mouvements des 19ème et 20ème siècles qui ont forgé le tissu social notre pays. Se lever face à la pensée unique et au "il n'y a pas d'autres solutions" prouve simplement que les gens ici ne sont pas morts et veulent encore infléchir leur destin. Tant qu'il y a de la contestation, il y a de la vie.
NB: Une vieille tradition politicienne veut que la France soit LA patrie du blocage et de la grève. Hélas, les chiffres sont têtus, mais en terme de conflictualité, nous n'arrivons qu'en dixième position en Europe. 
Source ACRIMED

*homologation oblige. 
Bonsoir chez vous.

mercredi 13 octobre 2010

Du vieux avec du neuf. Ou le contraire.

Le néo-rétro n'est pas mort, il bouge encore. Déjà, néo-rétro je n'aime pas vraiment comme appellation. Néo est trop souvent accolé à quelques vocables que je n'apprécie pas vraiment. Comme ce n'est pas le sujet, je préfère classique. Et pas classic. L'arrivée prochaine de la Kawa W 800 dans les concessions fait (un peu, beaucoup, passionnément...) parler. 
Les classiques, c'est comme le reste, il y ceux qui s'en tamponnent. Une belle majorité. Sinon on ne les qualifierait pas de motos de niche. A ce sujet, on ne trouve sur ces modèles, quels qu'ils soient, aucun élément en bois. Un coup de rabot est si vite arrivé. Il y a bien sûr ceux qui ne sont pas clients. Au nombre de ceux-ci, Margerin, le père de Lucien, qui préfère une véritable ancienne fiabilisée à une moderne "déguisée". Idée qu'il met d'ailleurs en pratique avec une Béhême de la fin des 70's comme moto du quotidien. Le goût de l'authentique est le plus fort. Ayant un penchant pour les vieilles moi aussi, je ne peux lui donner tort. Quand même, s'il s'agit de rouler au quotidien, ou à tout le moins régulièrement et beaucoup, ce choix, suivant les goûts n'est pas très évident. Le suivi et l'entretien de ces machines est souvent astreignant et/ou coûteux. Rouler beaucoup suppose au choix des connaissances mécaniques poussées et le matériel qui va avec, ou le recours à un pro qui en toute logique monnaye ses connaissances. Et puis, enfin, on trouve les amateurs du genre. J'en suis, pour ceux qui ne s'en doutaient pas. Et sans forcément s'en faire le défenseur, Roland Chathokine, spécialiste reconnu des Anglaises, (les "vraies") pense que la seule Bonneville moderne réussie, c'est la W 650.
Alors pourquoi? Les raisons ne manquent pas, entre celles qui sont miennes et celles que je peux imaginer. Une classique ressemble à une moto, ou du moins à l'idée que je m'en fais. Quelque chose de facilement identifiable à la personnalité propre. Et ce n'est pas le déferlement des modèles contemporains ou le style Ikéa le dispute à celui celui des bûcherons du grand Nord, voire à des évadés d'un manga qui va me faire changer d'avis. Voilà. Une moto dessinée, avec un réservoir de moto, une selle de moto un phare de moto et un moteur de moto. Dessin et pas design! C'est à dire, autre point primordial, une mécanique avec des ailettes et que l'on exhibe. Pour les cylindres deux c'est plutôt mieux. Dernier point qui me tient particulièrement à cœur, le budget. Je suis sensible à l'idée que la moto soit avant tout populaire. Au sens peuple, pour bien me faire comprendre. Le reproche essentiel que je puisse faire à cette catégorie, c'est souvent son côté élitiste qui la destine plutôt à ceux que l'on nomme très poétiquement CSPP + .(voire ++) On pourra me rétorquer qu'il y a toujours eu des modèles ou des marques de prestige, certes. Que la production du moment recèle pas de modèles qu'on pourrait qualifier de motos de "patrons". Que de plus en plus, lorsque le mot "passionné" apparaît dans un article de presse, son compère fortuné n'est pas loin. Bien sûr. Bien sûr, puisqu'il est posé dès le départ qu'on est dans la niche. Exigüe. Petite production donc.
Mais à faire (re)vivre ce qui n'est pas loin d'être l'essence de la moto, si elle est financièrement abordable, je ne m'en plaindrai pas. Voilà pour les considérations statiques.
Sur la route alors, on s'aperçoit que l'on peut trouver un plaisir intense avec moins de 100 cv dans la poignée, beaucoup moins parfois. Qu'on arrive parfaitement à maîtriser cette bécane sans ABS, sans TCS, sans APRC, sans KTRC, sans SDTV ou BPF. (Je n'invente rien!) Quand on en arrive à tant de béquilles pour faire rouler un truc qui s'appelle moto, il y a un os.
Rien de tout cela avec une classique. On pourra avantageusement profiter de coins perdus découverts au hasard d'une navigation et d'une conduite (pilotage?) à l'instinct, affranchi de tout système de guidage, juste le plaisir de la balade cool. On pourra tout aussi bien s'empoigner avec quelques potes profitant d'un joli tronçon qui virole gentiment. Et éventuellement méditer cet aphorisme cher à Mr Beetwin: Rouler vite avec un truc qui se traîne, c'est sûrement plus marrant qu'essayer de se traîner avec un truc qui roule vite. (Foutraque Garage) Si ce n'est pas un aphorisme, prière de réclamer. Moto simple, plaisir simple, mécanique simple, facile à appréhender et à entretenir. On touche quand même aux limites du genre avec l'adoption quasi obligatoire de l'injection en guise d'alimentation. Normes obligent. Dommage car un corps d'injecteur est à la moto ce que la maison Bouygues est à l'architecture. Il y a du coup de petits malins anglais qui les camouflent avec de faux carbus.
Tout ça pour dire, que cette W 800 elle me plaît bien. Et que tiens, j'en mettrais bien une dans le garage. A côté du V 11, bien sur, pas en remplacement. A ce propos, Guzzi fut avec ce modèle le précurseur de cette notion de néo-rétro. En mariant habilement ces deux notions. La technologie d'aujourd'hui et les emmerdes d'hier. Alors, vive les classiques. Sans les emmerdes du passé ou du présent!
Allez en guise de post scriptum, cette nouveauté tout autant moderne qu'ancienne, une sorte de HD de l'Est, qui me plaît bien aussi. Réservée au marché US pour l'instant. Curieux raccourci historique.
Bonsoir chez vous.


lundi 4 octobre 2010

Communiquer

Et le septième jour, Dieu se reposa. Vous connaissez à peu près l'histoire. Les Anglais n'ayant pas été inventé, ni le week-end donc, et encore moins les RTT, il dut attendre six jours avant de se reposer. Ce qui est moins connu, c'est que juste avant de se reposer, il eut une idée brillante sur le papier. Sur le papier, car à l'usage on peut se poser des questions. Ce monde qui allait se peupler se devait d'échanger. En deux coups les gros, la communication était née. Ou plutôt la com'. Hélas, il ignorait, la fonction créant l'organe, que simultanément verrait le jour la corporation des tripiers-ébénistes. Le tripier-ébéniste, ou ébéniste tripier, c'est selon, est le spécialiste universel de la langue de bois. Et elle est bien florissante ma foi, cette belle corporation. Les plus beaux spécimens proviennent généralement du JFCopé Institute de Meaux, établissement mondialement renommé pour la qualité de sa formation.
La com' à priori, pourquoi pas. Comme vous l'avez compris, c'est un truc vieux comme Crésus. Si vous lisez ces lignes, c'est par le biais du plus formidable outil de com, au moins par sa couverture, que le monde ait connu. Ce qui me défrise un poil, si j'ose dire, c'est le rôle qu'elle tient dorénavant et particulièrement dans les domaines "sérieux". La com' remplace les idées. La com' est idée. La comme remplace l'action. La com' est action. On peut quasi quotidiennement assister à cette dérive. Dans la moto c'est pareil. J'y viens, je vais vous entretenir de bécane. Enfin, de com' de bécane.
Vous connaissez tous les Grands Prix FIM de vitesse, les championnats du monde quoi. Cette affaire est gérée par la DORNA et celle-ci assure la promotion de ses championnats entre autres par le canal de l'internet et le site MOTO GP. Parmi nombre de rubriques figure celle des "news" qui délivre toutes les informations officielles. A lire ces communiqués, quel qu'en soit le thème, je puis affirmer que la DORNA a attiré dans son giron toute la promotion "Jean-Pierre Pernaud" des ébénistes-tripiers du célèbre institut sus-mentionné.
Je n'en veux pour preuve que le communiqué annonçant en Août la séparation entre Melandri et le team Gresini à la fin de cette année.
Fausto Gresini: "“Je tiens à remercier Marco pour cette saison de la part de moi-même, de nos sponsors et de tous ceux qui travaillent avec le team. Je suis content que nous ayons pu passer une saison de plus ensemble parce que nous sommes de bons amis et j’espère que nous obtiendrons les résultats qui nous ont jusqu’ici échappé sur la fin du Championnat. Je lui souhaite le meilleur pour son prochain challenge et je suis certain qu’il aura autant de succès qu’il en avait eu avec nous en 2005, 2006 et 2007.”
Gresini est content. Quand on voit les résultats de son pilote sur l'ensemble de la saison, voilà un garçon qui se contente de peu, surtout à la lumière des budgets engagés dans cette affaire. Investir de telles sommes et fournir tant d'efforts pour passer un moment avec un ami, il faut le vouloir. C'est ce qu'on appelle un ami très cher. Il ne lui reste plus que l'espoir, c'est bien mince. Pour la suite de sa carrière (en Superbike chez Yamaha Sterilgarda) j'ai comme un doute sur ce vœu pieu. Il est sérieux là, Fausto?
Marco Melandri:"“C’était une décision difficile parce que c’est le meilleur des teams avec lesquels j’ai travaillé dans ma carrière. Mais je sentais que j’avais besoin d’un nouveau challenge et d’une réelle opportunité de me battre pour des podiums et des victoires. Ce sera un grand changement pour moi mais je tiens à remercier Fausto et tout le monde chez San Carlo Honda Gresini pour m’avoir donné cette opportunité cette année. Malheureusement ça n’a pas fonctionné comme nous l’espérions mais il reste encore beaucoup de courses cette saison et nous allons faire de notre mieux. Je remercie l’équipe du fond du coeur parce qu’ils se sont donnés à 100% et ont toujours cru en moi - ceux qui sont au circuit, en Italie, à l’hospitality et évidemment nos sponsors qui nous ont toujours soutenus. Ils m’ont aidé à progresser et m’ont appris beaucoup de choses. J’ai beaucoup appris sur les valeurs de ce sport et de la vie..."
"Je roule avec un bonne équipe. Mais visiblement ils m'ont filé du matériel de merde." Ce qui est curieux, c'est qu'à matériel égal, je le suppose, Simoncelli son équipier, débutant et plutôt brouillon par moment, fait jeu égal avec lui, voire bien mieux. Les deux dernières phrases ne manquent pas de saveur. Vu ses résultats actuels, je ne vois par vraiment de progression. Je ne connais pas Melandri personnellement, mais dans le paddock il semble avoir encore moins d'amis que Max Biaggi. Quant aux valeurs du sport et de la vie, on peut se référer à cet article récent pour en juger. Là, on découvre peut-être le vrai visage de l'Italien.
A la lecture de ce communiqué plein de salamalecs on ne sait si c'est le team qui vire le pilote faute de résultats probants ou le pilote qui va voir ailleurs peu satisfait de son matériel. Enfin, on s'en doute quand même. Sinon, qu'aller faire dans un championnat de "seconde zone" . Les protagonistes du Superbike apprécieront. Visiblement, il compte montrer à ces rigolos ce qu'est un vrai pilote. D'un côté, des teams qui apparaissent bien élevés, bien lisses et de l'autre des pilotes bien sages bien propres sur eux. Et donc, un discours calibré au millipoil près, pas un cheveu qui ne dépasse, rien qui fasse tâche dans le paysage. A y réfléchir, pour annoncer un divorce, rédiger un avis de décès, ces communiquants peuvent se révéler utiles. Le naturel reviendra-t-il un jour dans le sport? Et ailleurs? Les ébénistes-tripiers ont de beaux jours devant eux!
Pour finir, autre "news" passionnante du mois d'Août. "Yamaha prépare les contrats de Lorenzo et Spies pour 2011." Je leur souhaite juste qu'ils ne soient pas signés par mr De Mesmaeker dans les bureaux des éditions Dupuis...
Bonsoir chez vous.