jeudi 3 mars 2011

Terroristes, émeutiers et fils de pub.

Les motos d'hommes sont de retour! Enfin, c'est la pub qui le dit. C'est en tout cas ce que nous promettent chacun de leur côté Ducati et Suzuki. Les Italiens avec la Diavel, pardon LE, font irruption dans le segment des «muscles bikes». Voilà que je cause marketing moi. Faut que je consulte. Le muscle bike, concept qui est à la moto ce que Jean Claude Van Damme est au genre humain. Irruption et disparition car, c'est l'argument mis en avant, sitôt vue, sitôt disparue. Je passe sur le visuel, une manière de Cendrillon post moderne, noctambule, urbaine et solitaire, rentrant à pince du bal. (pas bien prudent tout ça, par les temps qui courent) Lançant un regard furtif au diabolique engin qui passe. Qui ne fait que passer. Pas un regard hors de la trajectoire par contre du viril héros moderne, tout occupé à maîtriser son gros engin [qui pousse] velu. Perplexité de ma part. Le propriétaire du Diavel aurait-il une sexualité différente? Le Diavel serait-il l'anti frime, l'anti m'as-tu vu ultime? (Mettre au moins 17 000 zorros dans une machine pour même pas pécho une meuf, c'est un truc de séminariste.) Ducati ne fournirait pas le guide permettant d'arrêter cette moto? (C'est comment qu'on freine? J'voudrais descendre de là...) Que nenni. En guise de moto d'homme, il y a loin de la coupe aux lèvres. Les trois «riding mode» et le «Ducati Safety Pack» font de cet outil un tigre de papier que Cendrillon adopterait sans peine en guise de carrosse pour éviter de se retrouver pedibus cum jambis.
Chez Suzuki, pas de dentelles. La GSR 750, c'est de la machine de bûcheron. Pas un truc de nymphette en tutu. Ils ne sont pas à un paradoxe près. Alors que Ducati revendique haut et fort le genre masculin de son produit, Suzuki reste dans le féminin. Méchante! Hou la vilaine! Tout comme ils n'hésitent éventuellement pas à se montrer contre productifs. Perso, si j'enfile mes Trucker boots, (chez Suzuki on préfère les godillots de députés UMP bûcherons) c'est qu'il faut savater ce satané sélecteur pour enclencher les rapports dans des «klon » virils. Pas une spécificité japonaise ça. Quant à l'idée de la moto collée à un mur, ça sent le peloton d'exécution. Et tout ça, d'un bord comme de l'autre, pour maîtriser 100 chevaux...
Chez Gunswear, on est dans le visuel apocalyptique, sur fond de flammes et de destruction industrielle. Passons sur le jeune chébran à la fausse négligence pileuse, indifférent au monde qui explose perché sur sa Wakan. Côté slogan, c'est du pondéreux: Guns wear is a game. Une sorte de contrepet britannique du genre: Guns war is a game. Les Lybiens et autres peuples, qui n'ont, pas de bol, le loisir de profiter de cet encart, apprécieront.Avec Gunswear, rien ne vous atteint. Sauf peut-être la hausse du prix des carburants.
Trop la honte d'être Français? Je peux le supposer quand la pub All One Security met en scène «Matt» Lagrive. Mathieu ça doit faire trop pécore. Matt, ça te met au rang d'un Matt Damon, ce qui est hautement plus glamour. Ils ont de la chance quand même. Imaginons qu'il eut Joseph Lemoineau pour état civil. Faute de grives, on se contente de merles, c'est bien connu!
Hollister 1947, ça vous parle? Ce lieu, ou cet événement, est un des mythes fondateurs des MC 1%. Il a donné matière à un film dit culte, «L'équipée sauvage» et à pas mal de fantasmes. Il est «personnifié» par un cliché paru dans Life magazine. Cliché légèrement bidonné, le photographe révélant plus tard avoir lui même poussé du pied le tas cannettes sous le WL du «héros».
Afin de remettre un peu l'histoire à sa place, on peut lire la traduction d'un article du San Francisco Chronicle dont l'auteur a assisté au fait. Une chose est claire, les bikers, venus là pour une concentre labellisée American Motorcycle Association ont mis le brin dans la ville. Pas mal en fait. Grosse picole, runs sauvages dans les rues, bris de verres en tous genres... Les faits sont qualifiés d'émeute, voire d'acte de terrorisme. A l'aune de certains évènements du présent, on peut sourire. D'autant que la lecture de ce papier nous apprend que les 4 000 fauteurs de troubles ont été ramenés à la raison par en gros une cinquantaine de flics qui les ont tout bonnement parqués dans un coin de la ville. Coin où se trouvait un orchestre installé sur un camion et qui a gentiment été invité à jouer par les forces de l'ordre. Effet immédiat, les outlaw ont cessé leurs coupables activités afin de danser. De dangereux criminels en effet! Pas un meurtre, pas un viol, même pas une brouette sodomisée. J'y apprends également que les barmen, pensant que ces joyeux garnements n'auraient pas les moyens de se payer du whisky, ont cessé la vente de bière. Le sens de cette manœuvre m'échappe légèrement. Si plus de bière, il ne reste que le whisky. CQFD.
Il y eut bien sûr force arrestations, dont celle, ça ne s'invente pas, d'un certain Jim Morrison, 19 ans, qui écopa de 90 jours de prison pour attentat à la pudeur... J'en connais un, nettement plus célèbre, qui n'eut point besoin de bécane pour écoper d'un châtiment similaire quelques vingt années plus tard. On est quand même plus proche du "dernier bal" de Renaud que du 11 septembre. J'imagine le traitement de ce fait divers dans le journal de 13 heures de JPP...
Voilà, voilà. On pourra retrouver tout cela en vrai et en intégralité, plus pas mal d'autres choses, dans le n° 50 de Café Racer.
P.S. Ce saut dans un passé si proche et si lointain déjà, m'a donné l'occasion de visiter le site du BoozeFighters MC canadien. J'ai pu y lire: BoozeFighters, un club d'alcooliques avec un problème de moto. (Traduction assurée par mes soins.) Ils ont au moins le sens de la formule!