C'est au départ du château d'Estoublon, au pied des Alpilles, que Sun Road, concession Harley Davidson de Salon de Provence, organisait un w-e d'essai de la gamme moto et trike. Ceux qui ont connu les années 70, se souviennent sûrement de la saga télévisuelle "Les gens de Mogador". C'est précisément cette très belle demeure qui servit de cadre au tournage de cette série. Cadre historique pour marque historique. Accueil sympa de la part de Mathieu, responsable des ventes, avec un (vrai) expresso, bienvenu en ce début d'après-midi. On a beau être le 20 décembre, la tenue de printemps est plus que supportable sous le vrai ciel bleu provençal. Du 883 Iron au Tri Glide, en passant par le V-Rod ou le Road King, une bonne partie de la gamme attend ceux qui se proposent de découvrir la marque ou, c'est mon cas, rouler avec un modèle différent. J'ai choisi le Street Glide, une GT sauce Harley, légèrement dépouillée, moto aux antipodes de mon Nightster. C'est une moto qui m'accroche visuellement, bien qu'étant adepte d'engins plus épurés. Et puis, j'aimerais connaître au moins une fois les sensations qu'offre un engin de 372 kg propulsé par un v-twin de 1700cc.
Une surprise en détaillant les bécanes présentes, un bonne partie d'entre elles bénéficie au moins d'un stage1.
Le stage 1 consiste en une modification du trio admission-échappement- gestion électronique qui redonne aux twins de Milwaukee le punch et l'agrément qu'ils perdent dans le normes d'homologation. Chacun sait que les moteurs refroidis par air sont sévèrement pénalisés par les normes antipollution.
Dans le style machine avec valoches, l'intégration de celles-ci et le style du tête de fourche "batwing" offrent une ligne finalement sobre et plutôt légère. Côté finition, rien à dire, le standard du genre est respecté. Une fois en selle, relever la bête, compte tenu du centre de gravité assez bas est aisé. Je sens néanmoins qui'l faut éviter de la laisser partir sur un bord ou l'autre, sous peine de souci majeur. Le bas du dos bien calé, le guidon bien en main, les commodos, comparés à ceux de mon Sports' offrent un nombre de boutons affolants. Je songe même avec nostalgie à mon Softail Custom de 93, dépourvu de commodos, avec deux voyants et deux boutons sur le réservoir. "Times they are a changing..." Je tâte les commandes aux pieds, plutôt avancées. Large pédale de frein, que j'arrive à actionner sans lever le pied du planchon et sélecteur double branche. Je ne suis pas dépaysé pour avoir possédé deux Guzzi California équipées de la sorte. On peut sans crainte chausser des Weston; les rapports se passent en appuyant, à la montée comme à la descente. Le large tête de fourche abrite une foultitude d'instruments, du plus classique au plus high tech. Je passe sur les cadrans ronds à fond blanc, compte-tours, tachymètre, jauge d'essence, voltmètre... Au beau milieu trône un écran tactile contrôlant la chaîne HiFi 2X25 watts, le GPS... Autant de choses que je laisserai de côté; je vais me concentrer sur l'essentiel, faire rouler l'engin qui incite quand même à la prudence. Autre étonnement, en tournant le contacteur, un texte que j'ai à peine le temps de déchiffrer s'affiche et je valide "accepter" pour démarrer la mécanique. En effet, le convoi s'ébranle. Décidément, on ne prend jamais le temps de lire les conditions générales. Le Diable a de beaux jours devant lui. Clong, j'ai l’habitude. Un filet de gaz et la moto part en douceur sur les premiers mètres. Aucun à coups, heureusement, sur la terre je préfère. Arrivé sur le bitume, deuxième. La souplesse et l'onctuosité du 1700cc à bas régime sont stupéfiants. Les moteurs longue course ne sont pas forcément réputés pour leur facilité si bas dans les tours; en ajoutant à l'équilibre général de la machine qui fait oublier son poids, me voilà plutôt rassuré. Mais attentif.
La route enfin. Un peu plus de gaz. Ca pousse velument, genre Pacific 231! En même temps, la Street peut évoluer en 5ème, voire en 6ème aux alentours de 1500 tr/mn sans broncher. A l'ouverture des gaz la musique du moulin HD est bien là! Ici, une parenthèse. Déjà en stage1, le modèle d'essai est doté d'un bouton supplémentaire côté gauche du guidon. Il n'y en avait pas assez. Par impulsions, on modifie le volume sonore de la moto. 1: La maréchaussée et tes voisins sont tes amis. 2 Les gars, vous entendez, j'ai une vraie Harley. 3: Je suis un outlaw et je vous e...... ! Bref, l'accessoire indispensable pour faire de tout un chacun un rebelle légal. Ou presque. Ce moteur est vraiment impressionnant. Du coffre, de la souplesse, de l'allonge, difficile de lui reprocher quoi que ce soit.
Cette première partie, faite de grands courbes sur un bitume bien lisse, révèle une moto confortable, plutôt souple et rigoureuse. Un bémol quand même. A partir de 100 km/h, ca turbule dans le haut du casque. Pas franchement agréable. La bulle courte du batwing montre ses limites. Trois solutions: être plus grand, plus petit, ou installer une bulle basse avec déflecteur. Une option. A rajouter à une facture déjà respectable, j'y reviendrai. Pas question de passer une bulle d'Electra qui casserait la ligne. C'est mon avis. Une fois de plus les solutions flatteuses visuellement ne sont pas forcément efficaces sur route.
Nous abordons alors une partie plus tortueuse au revêtement parfois incertain. J'en profite pour voir ce que donne le freinage. Puissant, progressif, bien, vu la masse du bestiau. L'ABS de série est en l’occurrence rassurant si les conditions deviennent délicates vu les quatre quintaux à stopper. Premières petites inégalités. Je retrouve le défaut des suspensions du Sportster de série. Le petites irrégularités sont mal filtrées et je les ressens très bien. Un peu ennuyeux sur une bécane de cet acabit. Evidemment, les suspensions ne sont probablement pas réglées au top, mais je trouve cela un peu désordre. Ca tourne, ça vire un peu serré. Je dois m'employer pour l'inscrire. Elle y va, mais il faut l'y inviter avec fermeté. Je pense aussi que c'est une bécane qu'il faut avoir en main, et qu'une fois le mode d'emploi en poche les chose peuvent être différentes.
Les grilles d'Estoublon sont déjà là. Chacun range sa monture d'un instant et un dernier rappel: quand on passe d'un Nighster à un Street Glide, penser à tenir compte dans les manœuvres de stationnement à la largeur de la bécane au niveau arrière. Le Super Glide posé à ma droite et les sacoches du tourer ont failli en faire les frais.
Extraordinaire le big twin 103 CI de la MoCo. Si cette moto avec ses côtés pratiques et son look sympa est de celles qu'on croise fréquemment, elle n'est pas faites pour moi. Avec un billet d'entrée à 25 000 € (à peu près 30 000 pour celle de l'essai), le côté trop connecté et mon penchant pour les petites routes, je passe mon tour. Un Street Bob avec la même motorisation, on peut discuter. En attendant, c'est toujours avec la même banane que je reprends la route de la maison sur le Skipster!
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