dimanche 18 décembre 2011

Histoire sans fin.

Le Café Racer prend-il la voie du Custom Bike avec ses dérives et ses outrances ? C'est un peu le débat sous-jacent à un topic du forum Twin Zone qui a suscité force commentaires. Et j'ai comme le sentiment que ce n'est pas fini, celui-ci (le débat) surgissant à travers d'autres sujets. (C'est plus Français que topic et ça évite une redite. Non, finalement, il y est encore un fois.) La discussion tourne entre deux points principaux : est-il "moralement" acceptable de construire une moto et qu'une fois celle-ci exposée dans les pages d'un magazine elle soit mise en vente ; un Café Racer est-il nécessairement le résultat du travail de son propriétaire. Question subsidiaire, à quoi ça sert ? A noter, que ce genre de débat peut rapidement tourner au "never ending story" et qu'elle peut se transposer dans beaucoup d'univers, mécaniques ou pas.
Que des garages construisent des motos, tous genres confondus, à des fins commerciales, je n'y vois aucun inconvénient. Au contraire. C'est parfois l'occasion d'admirer des engins bien faits, dans un style qu'on aime, voire même originaux. De plus quand on regarde au-delà de la devanture, la plupart de ces échoppe(r)s sont tenues à bout de bras par de vrais passionnés qui ne risquent pas l’assujettissement à l'ISF. Que pour se faire connaître ils bénéficient d'un coup de pouce de la presse spécialisée, je trouve ça assez normal. Mais, il y a toujours un mais, je n'aime pas vraiment sentir la supercherie dans ce genre d'affaire. En l’occurrence, nous servir un genre de "story telling" sur les origines d'une machine et sa destination, pour la retrouver dans les colonnes des petites annonces quelques semaines après, je n'adhère pas. Faire savoir qu'on existe, c'est bien. Prouver son savoir faire, c'est bien. Mais, il est plus simple d'annoncer la couleur. On a construit cette meule, si ça vous plaît, elle est à vendre histoire de financer la suivante et de voir se pointer des clients potentiels.
Simple, chic et pas chère.
On glisse par là même sur le deuxième point. La bécane n'a-t-elle de légitimité que sortie des neurones et des mains de son proprio ? Déjà, il y a ceux, j'en connais qui en pincent uniquement pour les machines "stock". Très bien ça. Si d'aventure ils se séparent de l'objet, c'est l'occasion rêvée pour ceux d'une autre chapelle de récupérer l'objet, sortir la disqueuse et le chalumeau histoire de se l'approprier complètement. On est là aux deux extrêmes du sujet. Les gars vraiment bricoleurs, et peut-être même plus, sont à même de se saisir de (presque) n'importe quelle machine et lui insuffler le plus pur esprit "Ace Café". (Excepté le côté merchandising.) Une manière de docteur Frankenstein. On ne peut que s'incliner devant eux. Même si leur style ne nous agrée pas forcément. Et puis, il y a le "marais". Ceux qui ne savent pas, qui n’osent pas, n'ont pas le temps mais qui malgré tout ont des idées et une GROSSE envie. Ceux-là il leur reste éventuellement un réseau de potes qui chacun pourra apporter un bout de compétence et de temps pour concrétiser le rêve. Il leur reste aussi et nous y revoilà les garages pour donner corps à leur fantasme. On va tout de suite penser, que l'argent est alors la clé de l'affaire. On y revient aussi toujours. (Parmi nous on sait très bien que certains ont plusieurs brêles à la maison, que d'autres en choient une seule mais qu'ils parlent bien le même langage et que les brouzoufs n'ont rien à voir la dedans.) Corollaire, savoir ce qu'on veut-y mettre et si l'on est pressé ou pas. Sûr que si on s'amène avec l'intention de passer tout la catalogue LSL sur la bécane, et se montrer au bistrot avec à la fin de la semaine, va falloir mettre les traders au boulot d'abord. Celui qui à côté opte pour de la récup', de l'occase ou de l'adaptation va probablement s'en tirer à meilleur compte. Au final, s'ils n'existaient pas, il faudrait les inventer. On trouvera toujours le gars séduit par le style Café Racer et qui se pointera chez tel ou tel pour lui donner carte blanche à une réalisation. On appellera ça la moto personnalisée par un autre, ce qui peut laisser songeur. Du moment qu'il ne m'oblige pas à penser comme lui...
Surtout, il faut garder une chose à l'esprit. Quand on prend le temps de parcourir l'histoire du Café Racer, on voit bien qu'à l'origine on n'a pas affaire à quelques quinquagénaires pas trop mal installés dans la vie, passionnés certes. Il s'agit bel et bien de jeunes prolos pour qui la "préparation" consistait en l'adaptation d'une paire de bracelets sur quelque improbable meule. Il faut juste s'en souvenir.
Finalement, à quoi ça sert donc ? A donner du plaisir, aucun doute. Mais à donner du plaisir sur la route, quel que soit le style et la pratique. Faut que ça roule ! Les show bike, ça n'a jamais été ma tasse de thé et ce n'est pas près de changer. Si je conçois que des gars et parmi les plus doués dans leur compartiment, soient plus attirés par la conception et la réalisation d'une machine, c'est dommage d'en rester là. A l'instar du Tigre ils pensent sûrement que "le meilleur moment de l'amour c'est quand on monte l'escalier." Mais une fois qu'on a fermé la porte, c'est pas mal non plus.

2 commentaires:

  1. Ben ouais, un café racer c'est pas pour le look qu'on l'aime, mais en même temps, quand on roule en V11, c'est quand même un peu pour ça.
    Elle en jette un max au naturel notre Guzzi préférée, non ?
    Dans Café Racer tout ne me plaît pas, loin de là, mais j'aime l'aspect "culture moto" (au sens large car c'est parfois très "auto suggestionnant" et gonflant le genre "j'ai la culture moto, la preuve je l'dis").

    Mais moi aussi j'ai les idées larges...

    Maintenant, vendre une moto, c'est d'autant plus compliqué qu'elle est plus personnalisée et sur une base moins saine, cas de beaucoup de cafra. Qu'une annonce y fasse référence c'est pas un sujet. Que l'article conclut en indiquant qu'elle est à vendre, là c'est très moyen. En toutes choses restons dans un juste compromis.

    Qu'ils nous montrent de vraies belles réalisations et se contentent de ça, moi ça m'ira.

    Black Eagle

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  2. Cafe Cafe r'acier... recette : tu prends un brèle bien moche, tu vas dans un casse et tu récupes des pièces bien dégueux, rouillées et inadaptées, du la jette dans le lisier de ta ferme, tu soupoudres de crotins, tu mets çà dans une revue "Racer", tu la vends un max en disant que c'est du "Dali Moto" (pas Dafy, les pôvres) et tu te fais un max auprès des couillons snobs au QI < zéro cravate rose et costard.
    Allez, au Racer suivant....

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