vendredi 18 décembre 2015

P..... 40 ans! - Excentricités

Ce fameux jour de Juillet revêtait la forme d'un accouchement après une gestation qui ferait pâlir madame éléphant. Après les rêves de cyclos Italien, Malagutti, Garelli, Otus, le fantasme de la 450 Honda d'un pion du bahut, arriva, à 16 ans, le 103. Avec mon copain Jean Louis et sa Bleue, l'année de nos 17 ans, premier appel de la route. Une virée d'une semaine dans le Massif Central! 
Et puis le bac et la récompense, cette 125 Yam avec laquelle j'avais déjà en pensées parcourus des centaines de kilomètres.
Le (2) temps d'un rodage et début Août, route me voilà! Les Alpes, le Jura, les rivages de la Manche et retour dans le Sud! Ivresse des premiers cols en bécane, joie de quelques étapes chez des potes et dans la famille. Première aube sur la route.
Première gamelle aussi tant qu'à faire. Excès de confiance du novice enthousiaste dans la descente du col des Saisies du côté de Beaufort et paf dans le talus! Chance du débutant, ni le pilote ni la machine n'eurent trop à souffrir de cet événement. Je poursuivis mon chemin avec un peu plus d'humilité et de prudence.  
Une année marquée par l'euphorie du premier frottement de repose pied dans ce "S" du côté de Berre, par une énorme frayeur dans ce droite du côté de Sausset. Ma trajectoire m'emmenait droit dans la bagnole qui arrivait en face. Le conducteur bien réveillé, envoya franchement à gauche et je passais à l'extérieur. Personne ne s'arrêta. 
Quelques mois de balades plus ou moins contemplatives et de concentres plus tard, mon esprit (motard) s'enflammait déjà pour un engin un peu plus musclé. Manquait cependant LE sésame, le permis A. Je roulais en 125 grâce à l'équivalence du permis bagnole. Pour mes dix-huit ans mes parents m'avaient payé le permis B. C'était ça ou rien. Si je voulais le A, à moi de me débrouiller. Mon entrée dans le giron de l'éducation nationale en octobre 75 allait me permettre d'acquérir l'autonomie financière nécessaire. 
Permis B au printemps 76, une deuxième (et dernière) gamelle avec ma petite Yam et en Juin j'entrais dans le monde merveilleux du crédit. Mon penchant premier m'orientait vers un 400 RD. Ce me semblait être un digne compromis entre exploits sportifs de quartier et virées au long cours. Mais les trois diapasons venaient de mettre sur le marché le 500 XS. Deux cylindres, double act, quatre soupapes, freins à disques av/ar. Donné pour 50 cv l'engin était techniquement à la pointe. J'entrais dans le monde du twin quatre temps à qui je suis resté fidèle. (Malgré un ou deux accrocs) 
Rodage suivi d'une virée de quinze jours vers la Bavière, où je retrouvais mon copain d'enfance Bernhard avec un blouson Kawa et un 500 trois cylindres. Durant ces quelques jours, l'amitiè franco/allemande ne fut pas une vue de l'esprit autour de quelques repas et des sinueuses routes bavaroises.
Les deux années qui suivirent virent le totalisateur s'affoler. Entre concentres et balades avec Patrick, virées avec mon pote Roland et sa Quatre Pattes et sorties musclées avec la bande du Majestic, notre Joe bar à nous, la Yam n'avait guère le temps de refroidir. 
Si la route était toujours relax avec Patrick, tout en tenant des moyennes respectables, l'agitation du bocal était plutôt de mise par ailleurs. Avec Roland, tranquille dans la vie mais excité du gaz, la "balade" oscillait entre plein pot et au taquet. La seule idée, pas franchement lumineuse qui nous vint, un jour de traversée des gorges de l'Ardèche, fut de tomber les blousons et les accrocher sur la selle. Mais nous avions gardé les gants. En tee-shirt on allait se balader tranquilles. Las, au bout de dix minutes nous avions repris notre rythme de damnés, sans pour autant stopper pour se rhabiller!  Quant à ceux du Majes', même motif, même punition avec le nombre en plus et donc tous les "exploits" qui peuvent en découler. Plus vite, ça n'aurait pas été raisonnable. 
Un peu las de laisser de la ferraille sur le bord des départementales, successivement une Simca Rallye II, la fameuse Quatre Pattes puis une 4L F4, Roland décida de se tourner vers la piste en compagnie de Claude, "Le grand sec". Achat de deux Portal 250 et en route pour le championnat Promosport. Entre bouts de ficelles et grosses arsouilles c'est l'ambiance du paddock qui marquera nos esprits. On côtoyait Philippe Guichon qui défendait avec brio les couleurs de Ducati en 1000 et pas mal de fortes personnalités, gros coeurs, petits moyens avec un formidable esprit de fête et d'entraide. Pour les résultats, on suivait plutôt notre pote Jean Jacques Sabiani, qui après de bonnes perfs en Promo 125 et 500 et en coupe Kawa,  vit sa carrière stoppée par un accident au départ de la course 250 national en ouverture du Bol 78. Décidément...
Moments d'insouciance, beaucoup, d'inconscience, encore plus. Ces excentricités seront ponctuées par quatre belles gamelles en deux années. Pourtant, ce que je revois le mieux, c'est ce soir où j'éclatais le rétroviseur gauche, qui dépassait bien peu du multi position Bottelin Dumoulin, sur l'aile de cette voiture que je croisais dans une portion de route que je connaissais (trop) bien.
J'aurai le loisir de me calmer plus tard.  
 


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