Le Café Racer prend-il la voie du
Custom Bike avec ses dérives et ses outrances ? C'est un peu le
débat sous-jacent à un topic du forum Twin Zone qui a suscité
force commentaires. Et j'ai comme le sentiment que ce n'est pas fini,
celui-ci (le débat) surgissant à travers d'autres sujets. (C'est
plus Français que topic et ça évite une redite. Non, finalement,
il y est encore un fois.) La discussion tourne entre deux points
principaux : est-il "moralement" acceptable de
construire une moto et qu'une fois celle-ci exposée dans les pages
d'un magazine elle soit mise en vente ; un Café Racer est-il
nécessairement le résultat du travail de son propriétaire.
Question subsidiaire, à quoi ça sert ? A noter, que ce genre
de débat peut rapidement tourner au "never ending story"
et qu'elle peut se transposer dans beaucoup d'univers, mécaniques ou
pas.
Que des garages construisent des motos,
tous genres confondus, à des fins commerciales, je n'y vois aucun
inconvénient. Au contraire. C'est parfois l'occasion d'admirer des
engins bien faits, dans un style qu'on aime, voire même originaux.
De plus quand on regarde au-delà de la devanture, la plupart de ces
échoppe(r)s sont tenues à bout de bras par de vrais passionnés qui
ne risquent pas l’assujettissement à l'ISF. Que pour se faire
connaître ils bénéficient d'un coup de pouce de la presse
spécialisée, je trouve ça assez normal. Mais, il y a toujours un
mais, je n'aime pas vraiment sentir la supercherie dans ce genre
d'affaire. En l’occurrence, nous servir un genre de "story
telling" sur les origines d'une machine et sa destination, pour
la retrouver dans les colonnes des petites annonces quelques semaines
après, je n'adhère pas. Faire savoir qu'on existe, c'est bien.
Prouver son savoir faire, c'est bien. Mais, il est plus simple
d'annoncer la couleur. On a construit cette meule, si ça vous plaît,
elle est à vendre histoire de financer la suivante et de voir se
pointer des clients potentiels.
Simple, chic et pas chère. |
On glisse par là même sur le deuxième
point. La bécane n'a-t-elle de légitimité que sortie des neurones
et des mains de son proprio ? Déjà, il y a ceux, j'en connais
qui en pincent uniquement pour les machines "stock". Très
bien ça. Si d'aventure ils se séparent de l'objet, c'est l'occasion
rêvée pour ceux d'une autre chapelle de récupérer l'objet, sortir
la disqueuse et le chalumeau histoire de se l'approprier
complètement. On est là aux deux extrêmes du sujet. Les gars
vraiment bricoleurs, et peut-être même plus, sont à même de se
saisir de (presque) n'importe quelle machine et lui insuffler le
plus pur esprit "Ace Café". (Excepté le côté
merchandising.) Une manière de docteur Frankenstein. On ne peut que
s'incliner devant eux. Même si leur style ne nous agrée pas
forcément. Et puis, il y a le "marais". Ceux qui ne savent
pas, qui n’osent pas, n'ont pas le temps mais qui malgré tout ont
des idées et une GROSSE envie. Ceux-là il leur reste éventuellement
un réseau de potes qui chacun pourra apporter un bout de compétence
et de temps pour concrétiser le rêve. Il leur reste aussi et nous y
revoilà les garages pour donner corps à leur fantasme. On va tout
de suite penser, que l'argent est alors la clé de l'affaire. On y
revient aussi toujours. (Parmi nous on sait très bien que certains
ont plusieurs brêles à la maison, que d'autres en choient une seule
mais qu'ils parlent bien le même langage et que les brouzoufs n'ont
rien à voir la dedans.) Corollaire, savoir ce qu'on veut-y mettre et
si l'on est pressé ou pas. Sûr que si on s'amène avec l'intention
de passer tout la catalogue LSL sur la bécane, et se montrer au bistrot avec à la fin de la semaine, va falloir mettre les
traders au boulot d'abord. Celui qui à côté opte pour de la
récup', de l'occase ou de l'adaptation va probablement s'en tirer à
meilleur compte. Au final, s'ils n'existaient pas, il
faudrait les inventer. On trouvera toujours le gars séduit par le
style Café Racer et qui se pointera chez tel ou tel pour lui
donner carte blanche à une réalisation. On appellera ça la moto
personnalisée par un autre, ce qui peut laisser songeur. Du moment
qu'il ne m'oblige pas à penser comme lui...
Surtout, il faut garder une chose à
l'esprit. Quand on prend le temps de parcourir l'histoire du Café
Racer, on voit bien qu'à l'origine on n'a pas affaire à quelques
quinquagénaires pas trop mal installés dans la vie, passionnés
certes. Il s'agit bel et bien de jeunes prolos pour qui la
"préparation" consistait en l'adaptation d'une paire de
bracelets sur quelque improbable meule. Il faut juste s'en souvenir.
Finalement, à quoi ça sert donc ?
A donner du plaisir, aucun doute. Mais à donner du plaisir sur la
route, quel que soit le style et la pratique. Faut que ça roule !
Les show bike, ça n'a jamais été ma tasse de thé et ce n'est pas
près de changer. Si je conçois que des gars et parmi les plus doués
dans leur compartiment, soient plus attirés par la conception et la
réalisation d'une machine, c'est dommage d'en rester là. A l'instar
du Tigre ils pensent sûrement que "le meilleur moment de
l'amour c'est quand on monte l'escalier." Mais une fois qu'on a
fermé la porte, c'est pas mal non plus.
Ben ouais, un café racer c'est pas pour le look qu'on l'aime, mais en même temps, quand on roule en V11, c'est quand même un peu pour ça.
RépondreSupprimerElle en jette un max au naturel notre Guzzi préférée, non ?
Dans Café Racer tout ne me plaît pas, loin de là, mais j'aime l'aspect "culture moto" (au sens large car c'est parfois très "auto suggestionnant" et gonflant le genre "j'ai la culture moto, la preuve je l'dis").
Mais moi aussi j'ai les idées larges...
Maintenant, vendre une moto, c'est d'autant plus compliqué qu'elle est plus personnalisée et sur une base moins saine, cas de beaucoup de cafra. Qu'une annonce y fasse référence c'est pas un sujet. Que l'article conclut en indiquant qu'elle est à vendre, là c'est très moyen. En toutes choses restons dans un juste compromis.
Qu'ils nous montrent de vraies belles réalisations et se contentent de ça, moi ça m'ira.
Black Eagle
Cafe Cafe r'acier... recette : tu prends un brèle bien moche, tu vas dans un casse et tu récupes des pièces bien dégueux, rouillées et inadaptées, du la jette dans le lisier de ta ferme, tu soupoudres de crotins, tu mets çà dans une revue "Racer", tu la vends un max en disant que c'est du "Dali Moto" (pas Dafy, les pôvres) et tu te fais un max auprès des couillons snobs au QI < zéro cravate rose et costard.
RépondreSupprimerAllez, au Racer suivant....