lundi 10 octobre 2011

Le Café Racer expliqué aux enfants.

"Papa, c'est quoi un Café Racer ?... Papa, c'est quoi un Café Racer ?... Papa, c'est quoi une Honda?" C'est toujours pareil avec les gamins. Tu lis tranquillement les pages saumon du Figaro (morue, ça le ferait bien aussi finalement) et arrive la question qui fâche.
"Alors tu vois mon petit gars..." Au fait , oui, c’est quoi ? Si je me réfère à l'organe officiel du PCF, ne regarde pas l'écran avec cet air ahuri, ami lecteur, le Parti Café Racer donc, ratisse assez large. Mais je vais éviter l'écueil du magazine de référence et me cantonner à une vision toute personnelle, sans parti pris ni mauvaise foi. On ne rit pas.
Cette invention typiquement britannique connut son heure de gloire dans les années 50/60 pour tomber en désuétude par la suite. Pas tout à fait. Les Cafés Racers il y en a toujours eu, sauf qu'à l'instar de Mr Jourdain prosant sans le savoir, bon nombre de motards torréfiaient de même. (très important le verbe torréfier dans la dialectique officielle.) Et donc fin XXème début XXIème le Café Racer (Aryen s'il est Allemand) revint au premier plan grâce à la publication du même nom. Il faut dire que depuis quelques années déjà, la production « officielle » typée World Company en laissait plus d'un indifférent, voire carrément hostile. Pour échapper au formatage ambiant, il restait le brêlon hors d'âge, le custom hardcore sur base de V Twin américain de préférence et quelques productions européennes plus ou moins confidentielles. Le rôle du Café Racer (à quoi?) est de mener son pilote d'un bistrot à l'autre dans les meilleurs délais et avec des bracelets de préférence. (Sauf si ce sont que te collent la maréchaussée pour excès de fougue urbaine.) Forcément, le dernier arrivé paye un coup aux zautres.
Foin d'historique. Que faut-il pour posséder un bon CR ? Un moteur, un cadre, (supérieur de préférence pour une tenue de route optimale) des roues, un réservoir, une selle et un guidon. Tu pourrais m'objecter que toute moto digne de ce nom possède tous ces attributs. Et même encore plus pour certaines. Pas si vite, détaillons tout ceci. A l'instar du Chili con Carne dont au connaît au moins autant de recettes que de cuisiniers, un seule est la bonne. La mienne !
Le moteur : avec des ailettes obligatoirement. Un Café Racer sans ailettes... Imaginons, Ris sans Orangis, Roux sans Combaluzier voire Moto sans Guzzi. Une ineptie ! Ce sera plutôt un twin. Transversal tant qu'à faire. Ne mégotons pas, en V à 90°. Un vrai moteur quoi. Le mono pourquoi pas. Le twin pourra ainsi sans difficulté se débarrasser de cet importun qui lui colle aux basques entre deux virages... Trois, quatre et six pattes feront tout autant l'affaire en guise de bois de chauffage lors des sorties hivernales.
Le cadre, supérieur donc. Enfin, généralement on prend celui dans lequel se trouve le moteur. Cela tombe bien. En vérité, le Tonti ou la poutre du Dr John (celle qu'il avait dans l’œil et non la paille dans l’œil de son voisin) accueillent de façon fort satisfaisante le V-Twin transversal. De nombreux témoignages concordent à ce sujet. Mr Mike H. nous déclara : "Le cadre Tonti, le meilleur cadre du monde." Sans parler de Mr Rocco S. : "En face de la poutre le Dr John n'a pas molli." Pour les autres, ils se contenteront les gueux, de tronçons de tubes plus ou moins cintrés. Les plus malchanceux contracteront un prêt Dexia à taux révisable indexé sur le cours du Franc Suisse afin d'acquérir quelque chose d'un tant soi peu efficace.
On choisira les roues bien rondes, cerclées de pneumatiques noirs. Attention à ne pas opter pour des roues laides. Ta moto aurait alors une fâcheuse tendance à tirer à droite.
Le réservoir. Délicat le réservoir. Ces choses polies miroir qui imposent la présence d'un chiffon ne te ramèneront pas à la maison si tu as omis de les remplir! Ah, tout le budget est passé dans la partie cycle ? Alors reste à la maison. Et frotte ! Un beau bidon rouge (noir à la rigueur) frappé d'un aigle et doté de belles échancrures pour les genoux sera parfait.
La selle. A bannir, la selle confort. On n'est pas des mauviettes quand même. (Note bien que contrairement à notre nouveau ministres des sports, je sais moi, éviter les propos vexatoires et sexistes...) On la préfèrera monoplace histoire vraiment goûter en égoïste aux joies des plaisirs solitaires. Si d'aventure un capot de selle dissimule un emplacement pour un(e) éventuel(lle) importun(e) pas d'hésitation : vire les repose-pieds passagers !
Crédit photo "Doc Mandello"
Le guidon enfin. La pièce maîtresse, l'âme de la bête. Comme indiqué plus haut, les bracelets sont de rigueur. Même pour se traîner le pénis. Et sous le té de fourche nom d'un chien. Encore une fois, on n'est pas des gonzesses petites natures. Qu'il est con ce David ! Allez va jouer avec Bernadette. J'ai du boulot moi ! Toutefois, des dérogations peuvent être consenties uniquement aux anciens sous-mariniers tatoués des avants-bras. Cela leur confère en tout cas un sacré avantage. Puisqu'il s'agit d'aller d'un bistrot à l'autre, l'utilisation d'un guidon relevé fausse la donne. Juchés sur leur engin, je parle de la moto, ceux-ci ont déjà le coude levé. Et crois moi, pour aller au troquet, c'est important !
Voilà mon petit. Tu as dorénavant une idée un peu plus précise de ce qu'est un vrai Café Racer. (au couple préconisé) Maintenant, comme je peux être un homme de nuances, retiens bien cela. Je connais personnellement deux spécimens, je parle d'humains là, qui utilisent un genre de Café Racer (les fesses au freinage) assez particuliers. Ils ont le bon moteur, le bon cadre, les bonnes roues. Pourtant leur interprétation de l'engin est assez particulière. Guidon corne de vache, sacoches pour l'un et top case (Arrrrrrrrggghhh, j'ai réussi à l'écrire) pour l'autre, pare brise et je passe le GPS. En réalité, c'est à fois le Café et le Racer. Café, car l'un fait office de cave à bière, (il faut juste aimer la Pelforth) et l'autre dispense divers nectars rouges ou blancs contenus dans une sacoche, alors que l'autre contient les verres à dégustation. Racer, parce que même avec les bracelets, j'ai du mal derrière eux sur la route...
Quant à ceux qui pensent que je me fourre le doigt dans l’œil, il leur reste les Honda...
Sans parti pris ni mauvaise foi te dis-je. 

4 commentaires:

  1. Ma modeste contribution à l’édifice monumental du CR
    Pour ceux qui n’ont pas connus cette époque bénie ou le mot motard et mécano se confondaient et qui ont commencé à rouler du temps ou déjà il n’y avait peu ou prou que des japonaises, la question du café racer ne se posait même pas.
    C’était déjà désuet et pas encore revenu à la mode. Les sportives avaient deux vraies places, oui oui et même les premières ninja ou gex.
    Avant , celui qui voulait améliorer sa bécane devait s’offrir un cadre Martin ou autre et ce n’était pas à la portée de tout le monde, surtout que quand tu avais acheté l’objet de tes rêves et payé l’assurance la plupart du temps tu n’avais plus de thune pour rouler. En tout cas c’était souvent le cas pour moi.
    Et puis les nippones ont roulé droit, elles sont devenues bien équipées et tout le monde à plus ou moins embrayé derrière, mais le motard, il faut qu’il bidouille…
    Alors les accessoiristes se sont jetés dans la brèche ; puisque les machines étaient fiables et efficaces, il ne restait plus qu’à rajouter des accessoires couteux pour se différencier.
    Si tôt le roadster réinventé par ducati, voilà ti pas que je te rajoute sur les basiques des plastocs en tout genre, écopes de radiateur, sabots, j’en passe et des meilleures…
    Si bien que depuis vingt ans les constructeurs se sont eux aussi lancés dans cette sur enchère de la foire au plastoc voire au carbone pour les plus fortunés. Les motos sont devenues plus grosses sans être plus lourdes, récemment on a vu fleurir le summum du bon gout, les b king ,diavel, v max et j’ en oublie surement beaucoup…centauro ?
    Il y a une clientèle pour ça a n’en pas douter, comme il y en a qui mettent du coca dans le bordeaux ou du jus d’orange dans le single malt.
    Alors profitons des quelques années qui nous restent avant le totalitarisme pseudo écolo bienpensant pour dépouiller les quelque machines qui ont encore du caractère de tout ou partie de ces accessoires inutiles imposés par le marqueting et les designers ikéa.
    Sans compter que tu pourras les revendre t’acheter du vin avec les sous ,ou alors des pots ou des freins de qualité, on est pas des bêtes quand même.
    Et puis épurer, c’est plus valorisant et moins bling blnig que de rajouter sans cesse, alors il me semble que pour ceux qui n’ont pas connu la moto des années soixante, le CR est une façon moderne de l’envisager mais faut rouler, parce qu’une moto, ça ne doit pas être jute joli.
    Acheter une V7 café racer ou un ducat sport classic, pour moi ce n’est pas rouler en CR mais en classique et ça n’a rien à voir et puis démonter des trucs sur un brelon, c’est à la portée de n’importe qui.
    Alain C.

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  2. Un anonyme qui signe! C'est le monde à l'envers! :-))

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  3. Ne retourne pas le couteau dans la plaie.
    En fait c'est parce que je ne suis toujours pas arrivé à m'inscrire.
    Alain C

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  4. "des dérogations peuvent être consenties uniquement aux anciens sous-mariniers tatoués des avants-bras"

    J'ai cité celle-là mais tout le texte m'a bien fait rigolé !! Merci Pascal(pe)

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